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Alain deLibera ⋅ « Pensée médiévale » ⋅ Encyclopæedia Universalis ⋅ [en ligne]
Qu’est-ce que connaître pour un technicien de l’approche propositionnelle ? Tout acte de connaissance est un acte propositionnel, puisque toute connaissance est un énoncé sur le monde. Mais il y a différentes sortes de connaissances : la connaissance ordinaire et la connaissance scientifique. L’appréhension, la saisie, la perception de la nature d’une chose, par exemple d’un homme en tant qu’homme, est à la fois un acte de connaissance simple et un acte de simple connaissance ; ce qu’Aristote appelle « la saisie des indivisibles ». La connaissance véritable commence lorsqu’il y a jugement développé, composition de notions, aperception non plus d’une chose ou quiddité, mais…
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Alain deLibera ⋅ La philosophie médiévale ⋅ coll. « Quadrige manuels », 2e éd.
Un sophisma n’est pas un « sophisme » au sens habituel du terme : ce n’est pas une fallacie ni un paralogisme. Ce n’est pas un raisonnement faux ou vicieux : c’est une simple proposition déroutante (puzzling-sentence), dont l’analyse et la « solution » sont menées contradictoirement au sein d’une dispute mettant aux prises un opponens et un respondens (voire plus). L’examen d’un sophisma suit un programme précis et quasiment invariable. On définit d’abord un univers de discours, c’est la « positio » du « casus ». On fait ensuite deux inférences. L’une pend le sophisma pour conclusion, l’autre pour prémisse. La première inférence sert à prouver que…
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Alain deLibera ⋅ La philosophie médiévale ⋅ coll. « Quadrige manuels », 2e éd.
En dehors de la sémantique des termes, deux développements majeurs de la logique terministe sont la théorie des conséquences et les obligationes. Formulée dès la fin du XIIe siècle la théorie des conséquences sera perfectionnée tout au long du Moyen Âge tardif. Si la conséquence des adamites est la plus célèbre, maintes autres règles sont progressivement dégagées. Le cadre général d’élaboration est fourni par la distinction entre conséquences naturelles et conséquences matérielles. Il y a conséquence naturelle quand l’antécédent inclut le conséquent, ce qui veut dire que la validité de la conséquence est déterminée par un « lieu intrinsèque » ; il y…
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Alain deLibera ⋅ « Ulrich de Strasbourg » ⋅ La mystique rhénane
La monarchie dionysienne du Bien est donc fondée dans l’ontologie augustinienne. C’est l’unicité de l’Être qui garantit l’unicité du Bien : il n’y a pas de mal suprême, parce qu’il n’y a qu’un Être. Le mal ne donne rien parce qu’il n’est rien. Seul l’Être est Principe. L’indissociabilité de l’ontologie et de la théodicée exprime la nature même de l’ordre de l’univers. L’ordre du monde est l’ordre de l’Être. Le néant est dans le monde sans en faire partie. Il n’y a qu’un seul être qui se prodigue. Il n’y a qu’une seule lumière. Les ténèbres ne recèlent rien et n’ont…
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Alain deLibera ⋅ « Ulrich de Strasbourg » ⋅ La mystique rhénane
L’univers ne serait pas meilleur si toutes choses y étaient égales. Il ne serait pas meilleur non plus sans maux opposés aux biens. Ulrich reprend ici à nouveau Augustin : Le monde est comme un poème, il y faut des antithèses. Il y faut le mal contre le bien, la mort contre la vie, « un contre un, deux contre deux ». Il y faut la gloire et l’ignominie. Alain de Libera Ulrich de Strasbourg La mystique rhénane Seuil 1994 138…
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Alain deLibera ⋅ Archéologie du sujet
C’est avec de « vieux termes » que nous poserons la thèse la plus générale de cette naissance du sujet : notre propos est de montrer que le « sujet » aristotélicien est devenu le sujet-agent des modernes en devenant « suppôt » d’actes et d’opérations. Alain de Libera Archéologie du sujet 2 La quête de l’identité Vrin 2007…
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Alain deLibera ⋅ Penser au Moyen Âge
La violence de la lettre est ici maximale : un manifeste s’affiche dans un travail de cache. Alain de Libera Penser au Moyen Âge Seuil 1991 176…