Fait à La Cherche (Cherbourg) du 28 au 30 juin 2019 par Ivan Basso, Marie Chiambretto, Joachim Clemence, Sam Commetuveux, Frédéric Danos, Frédéric Deotte, Thomas Ducasse, Brigitte Goffart, Miguel Hélaine, Mikaël Henry, Antoine Hummel, Arthur James, Jean-Baptiste L'Héritier, Virginie Levavasseur, Frédéric Leterrier, Laurent Mauny, Xavier Metz, Jan Middelbos, Olivier Nourisson, Philipp Rabe, Amalia Vargas, et Michel Vachey sans le savoir. 64 pages. 60 exemplaires. 8€ de main à main, 13€ par la poste.ou : legobistable[at]gmail.com
- Dans un nuage de lacrymos, tu pourrais dire : « ça envoie du lourd » ? - Ils envoient du lourd. - Les galets, la pesanteur... - Est-ce qu'à Paris il y a des gens qui, faisant référence à la chaleur écrasante de ce mois de juillet 2019, auraient pu dire : « ça envoie du lourd » ? - Est-ce que le préfet aurait pu répondre : « On a envoyé du lourd » ? - Est-ce que l'émissaire de lourd par excellence n'est pas, plutôt que le préfet, le DJ ? - Le DJ est un véhicule, pas un émissaire. - L'envoi de lourd place le récepteur-auditeur sous la puissance du fascinus : « prends ça », ou plutôt « voyons voir si tu vas encaisser ». - La fusion ou bien tu vas niquer ta mère. - Intimidation de la capacité d'apprécier. - L'envoi de lourd serait un anglicisme couillé : il s'agirait à l'origine d'envoi de loud. - Dans les années 50, un des enjeux du renouvellement de l'arsenal a été l'utilisation d'infra-basses pour maîtriser les foules hargneuses. Ça a été testé : il y a des films 16mm noir et blanc où on voit des vagues de manifestants tomber en syncope. - À cet égard, « ça envoie du lourd » veut simplement dire : « ça me réprime bien », « c'est du bon maintien de l'ordre ».
- Les enfants qui colorient sont des exercés, des s'exerçants : ce à quoi on est supposé les exercer, c'est à réconcilier la forme et le fond. Peut-être alors pourrait-on dire qu'un enfant coloriant c'est à la fois un employé du fond et un client de la forme. Ce qui nous mène naturellement à une interprétation du schème comme patron. Je crois me souvenir que, dans la division romaine entre clientes et patroni, le second doit, comme un parent, subsistance au premier, tandis que le premier doit, comme un benjamin sacrifié pour la gloire des aînés, assurer la reproduction de la famille, c'est-à-dire la subsistance des enfants naturels du patron, et donc plus largement de la gens patricienne. - On a bien à faire, sur le premier coloriage, à une représentation de la famille comme puissance autonome. Ce qui est frappant, c'est que c'est un quasi blason. Il combine, dans la figuration du clan, de nombreux caractères héraldiques (par exemple : le plan est vectorisé par le regard frontal du cerf, de sorte que le papa défie le regardeur comme si celui-ci venait de l'extérieur menacer le clan/plan). Or ce qui est intéressant du point de vue de notre objet (le coloriage), c'est que sur un blason, les zones sont colorisées de façon extrêmement nette et codée. Il ne faut pas mélanger les couleurs, parce que celles-ci sont en fait des valeurs. Le blason, c'est l'endroit où, quand une couleur en rencontre une autre, c'est toujours un coup arrangé : les couleurs ne se contaminent pas, mais s'interpénètrent selon la régularité d'un motif. Ça ne veut pas dire l'absence de législation ; ça signifie un concordat particulier.
- C'est une expression usuelle. On l'entend parfois. Je ne sais pas à quelle heure. Par exemple quelqu'un dit : « On va au cinéma ou bien ? » - Dans ce cas, « ou bien » permet de formuler une alternative dont le second terme est indéterminé. - Oui, mais ça n'est pas un événement de langage relevant de la logique classique. Ce n'est pas une chose ou bien une autre ; c'est une façon de restituer le champ des possibles, mais en démissionnant de la proposition initiale. - Celui qui dit « ou bien » tirerait à lui la couverture de la vitalité, pour trancher une sorte d'hésitation collective. Il réinitie ce qui existait déjà en chacun sous une forme hésitante et molle. - Il prend sur lui d'instancier la nécessité d'une décision, qui était latente dans le groupe. - Son « ou bien » peut aussi adoucir le braquage intial : « On va au cinéma (silence) ou bien... ? » - Je dois dire que je ne parviens à entendre cet énoncé que comme un énoncé qui connaît déjà son heure (une heure tardive), et, en gros, comme un énoncé d'abribus (abribus où l'on sait déjà très bien qu'il y a un rien comme plan de consistance). « Ou bien » serait toujours : « ou rien ».
La banque me dit allez voir les flics. Je vais voir les flics. Ils me disent allez voir les impôts. Je vais voir les impôts. Ils me disent allez voir la banque. Je vais voir la banque. La banque me dit allez voir les flics. Après quelques tours, je parviens à m'expulser du manège et je tombe sur le bonhomme Voilà, l'huissier. Il est tellement heureux de tomber sur une bonne foi qu'il se montre immédiatement arrangeant, réduit la facture et débloque mes comptes. Ils récompense mon non-ménagement. Il me paie mes tours de manège.