De Porphyre à Avicenne, donc, les nuances sont importances, mais on a affaire, quant au thème qui nous intéresse, à une notion relativement homogène, transmise d’un mouvement continu, à travers les commentaires néoplatoniciens de l’Organon d’Aristote surtout. Le discours intérieur apparaît comme étant composé de concepts, pour l’essentiel, c’est-à-dire de portraits intellectuels et prélinguistiques, naturellement formés dans l’esprit pour y représenter les choses extérieures et signifiés, le cas échéant, par les paroles orales. Certes, l’idée émerge chez Avicenne que les mots, esquissés dans l’imagination, fournissent en pratique aux humains une assistance indispensable pour la combinaison mentale des concepts et que…
La dianoia, écrit Philon, est un « lieu invisible » où sont conservées les pensées jusqu’à ce que la voix s’en empare avec ardeur « dans son désir de les faire connaître ». Elle est comme un « métal vierge » sur lequel le langage, aux fins de la communication humaine, « imprime le dessin des verbes et des noms ». Claude Panaccio Le discours intérieur Le Seuil 1999 71…