La plupart des appartements sont depuis longtemps désertés et leurs propriétaires ne sont plus de ce monde. Seules quelques vieilles dames indestructibles reviennent été après été hanter la gigantesque bâtisse. Elles enlèvent pour quelques semaines les housses de sur les meubles, gisent immobiles la nuit quelque part au milieu du vide, longent les larges couloirs, traversent les immenses salles, montent et descendent, en posant précautionneusement un soulier devant l’autre, les escaliers dans leurs cages sonores et sortent au petit matin sur la Promenade, avec leurs caniches et leurs pékinois rongés par les ulcères. W. G. Sebald Les émigrants Patrick Charbonneau…
La poussière, dit-il, lui était beaucoup plus familière que la lumière, que l’air, que l’eau. Rien ne lui paraissait plus insupportable qu’une maison où l’on fait la poussière, et nulle part il ne se trouvait plus à l’aise que là où les choses ont le droit de rester où elles sont, sans qu’on les dérange, adoucies par la scorie noire et veloutée qui se dépose quand la matière, par touches imperceptibles, se décompose pour retourner au néant. W. G. Sebald Les émigrants Patrick Charbonneau Actes Sud 1992 Die Ausgewanderten, 1992 fr…
Voilà donc comment ils reviennent, les morts. Parfois, après plus de sept décennies, ils sortent de la glace et gisent au bord de la moraine, un petit tas d’os polis, une paire de chaussures cloutées. W. G. Sebald Les émigrants Patrick Charbonneau Actes Sud 1992 , 1992 fr…