18 01 16

Sebald, Les émigrants

La plu­part des appar­te­ments sont depuis long­temps déser­tés et leurs pro­prié­taires ne sont plus de ce monde. Seules quelques vieilles dames indes­truc­tibles reviennent été après été han­ter la gigan­tesque bâtisse. Elles enlèvent pour quelques semaines les housses de sur les meubles, gisent immo­biles la nuit quelque part au milieu du vide, longent les larges cou­loirs, tra­versent les immenses salles, montent et des­cendent, en posant pré­cau­tion­neu­se­ment un sou­lier devant l’autre, les esca­liers dans leurs cages sonores et sortent au petit matin sur la Promenade, avec leurs caniches et leurs péki­nois ron­gés par les ulcères.

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Les émi­grants [Die Ausgewanderten, 1992]
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trad.  Patrick Charbonneau
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