Voici une rumination de Ger…, une femme du peuple très peu instruite. Une après-midi de jeudi, elle songe à préparer le dîner et prend un pot afin d’aller chez la fruitière acheter pour quelques sous de bouillon. Elle s’arrête sur l’escalier avec la pensée qu’il faut réfléchir un moment s’il n’y a rien de répréhensible à acheter du bouillon chez la fruitière (manie de précision) : « en général non, mais c’est aujourd’hui jeudi, il faut faire attention à ce détail : qu’est-ce que la fruitière va penser en lui voyant acheter du bouillon aujourd’hui (manie de l’interrogation) ? Si elle croit…
Par exception, on rencontre des scrupuleux bavards comme Jean ou qui écrivent beaucoup comme Nadia, mais l’espoir de les entendre parler clairement de leur maladie est bientôt déçu. C’est un flux intarissable de paroles, de plaintes, de gémissements, mais avec les mêmes contradictions, les mêmes obscurités. Jean complique son langage d’une grande quantité de néologismes dont il a peu à peu précisé le sens dans son esprit, mais qui sont loin de rendre son langage plus clair. « Ah ! j’ai eu ma petite mesure depuis que je vous ai quitté ; une petite échaubouillaison a fait que tout repigeonnait encore, et l’obsession…
Il vient de perdre, il y a deux ans, son père et son oncle pour qui il avait la pus grande affection et la plus grande vénération : il les pleure, cela est naturel. Va-t-il être obsédé par l’image de leur figure comme une hystérique pleurant son père ? Non. Il est obsédé par la pensée de l’âme de son oncle, mais ce qui est effroyable c’est que l’âme de son oncle est associée, juxtaposée ou confondue (nous savons que ces malades s’expriment très mal) avec un objet répugnant, des excréments humains. « L’âme de mon oncle gît au fond des cabinets, elle…