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Il vient de perdre, il y a deux ans, son père et son oncle pour qui il avait la pus grande affec­tion et la plus grande véné­ra­tion : il les pleure, cela est natu­rel. Va-t-il être obsé­dé par l’image de leur figure comme une hys­té­rique pleu­rant son père ? Non. Il est obsé­dé par la pen­sée de l’âme de son oncle, mais ce qui est effroyable c’est que l’âme de son oncle est asso­ciée, jux­ta­po­sée ou confon­due (nous savons que ces malades s’expriment très mal) avec un objet répu­gnant, des excré­ments humains. « L’âme de mon oncle gît au fond des cabi­nets, elle sort du der­rière de mon­sieur un tel, etc. » II fait une foule de variantes sur ce joli thème et il pousse des cris d’horreur, se frappe la poi­trine. « Peut-on conce­voir abo­mi­na­tion pareille, pen­ser que l’âme de mon oncle c’est de la merde ! »

Les névroses
Flammation 1909
p. 17–18