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FrédéricGoubier ⋅ « Dire et vouloir dire dans la logique médiévale : Quelques jalons pour situer une frontière »
Un sophisma est une proposition qui met en jeu certaines caractéristiques d’un (ou plusieurs) syncatégorème(s) donné(s). Le jeu consiste à distinguer différents sens à cette proposition, déterminer pour chacun d’entre eux sa valeur de vérité et, surtout, la mesure dans laquelle il peut être justifié par une action syncatégorématique. En principe, donc, chaque sophisma – ou chaque famille de sophismata – est une occasion d’évaluer une situation sémantique impliquant le fonctionnement de certains mots du langage. La littérature des sophismata, c’est la ligne de front, le lieu où l’analyse logique rencontre les phénomènes sémantiques. Si la prudence invite à ne…
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FrédéricGoubier ⋅ « Dire et vouloir dire dans la logique médiévale : Quelques jalons pour situer une frontière »
La suppositio est l’élément-clé de ce dispositif. Elle fournit trois types d’informations : le « mode de supposer » indique 1) la nature du suppositum ou des supposita (les ‘référents’ d’un substantif donné peuvent être des choses, le concept sous lequel elles tombent, le substantif lui-même) et, 2) à l’intérieur de la désignation de choses, le type de quantification (existentielle, universelle et ses variations) ; 3) les concepts d’ampliatio et de restrictio se chargent eux du calcul du volume des supposita. Au XIVe siècle, et dans une bien moindre mesure au XIIIe, la distinction entre modi supponendi permet à la théorie d’aborder d’emblée…
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FrédéricGoubier ⋅ « Dire et vouloir dire dans la logique médiévale : Quelques jalons pour situer une frontière »
La théorie de la supposition, dans la version développée au XIIIe siècle, est avant tout concernée par les catégorèmes – et par les effets de quelques syncatégorèmes triés sur le volet, comme les quantifieurs. Elle ne représente toutefois qu’une partie de l’édifice sémantique : son socle, pour l’essentiel, qu’une sémantique des syncatégorèmes complète et présuppose par ailleurs. Dotée d’un espace littéraire propre, cette sémantique se déploie dans l’un des réseaux théoriques les plus riches, les plus sophistiqués et des moins connus du Moyen Âge philosophique, un réseau de concepts et d’arguments dialectiquement développés dans l’analyse des sophismata. Les discussions auxquelles ces…
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FrédéricGoubier ⋅ « Dire et vouloir dire dans la logique médiévale : Quelques jalons pour situer une frontière »
Lambert Marie de Rijk a décrit le XIIe siècle logico-sémantique comme le moment où émergent et se développent des approches « contextuelles » du langage, en ce sens que les analyses s’intéressent de manière croissante au rapport entre les variations de valeurs de vérité des énoncés et leur composition – le contexte est ici intralinguistique. Au tournant du XIIIe siècle naît la « théorie de la supposition », à savoir, pour une part au moins, une approche systématique des conditions de vérité des propositions à partir des propriétés intrinsèques attribuées aux termes : type de quantification, temps du verbe, modalités aléthiques, restriction adjectivale, etc. Frédéric…