25 10 17

Goubier, Dire et vouloir dire dans la logique médiévale : Quelques jalons pour situer une frontière

Un sophis­ma est une pro­po­si­tion qui met en jeu cer­taines carac­té­ris­tiques d’un (ou plu­sieurs) syncatégorème(s) donné(s). Le jeu consiste à dis­tin­guer dif­fé­rents sens à cette pro­po­si­tion, déter­mi­ner pour cha­cun d’entre eux sa valeur de véri­té et, sur­tout, la mesure dans laquelle il peut être jus­ti­fié par une action syn­ca­té­go­ré­ma­tique. En prin­cipe, donc, chaque sophis­ma – ou chaque famille de sophis­ma­ta – est une occa­sion d’évaluer une situa­tion séman­tique impli­quant le fonc­tion­ne­ment de cer­tains mots du lan­gage. La lit­té­ra­ture des sophis­ma­ta, c’est la ligne de front, le lieu où l’analyse logique ren­contre les phé­no­mènes séman­tiques. Si la pru­dence invite à ne pas convo­quer hâti­ve­ment l’idée de séman­tique (for­melle) du lan­gage natu­rel, il convient néan­moins de recon­naître les ambi­tions des­crip­tives de l’approche médié­vale : on recense plus de mille sophis­ma­ta dif­fé­rents, répar­tis en quelques trois mille occur­rences et repré­sen­tant une impres­sion­nante gamme de pro­blèmes. Or, selon le constat des tenants de la phi­lo­so­phie du lan­gage ordi­naire, cher­cher à inté­grer le plus de phé­no­mènes pos­sibles peut – doit ? – conduire à s’interroger sur les limites d’une ana­lyse logique, sur l’intérêt d’intégrer des cri­tères prag­ma­tiques. Si donc il y a au XIIIe siècle une fron­tière claire entre séman­tique et prag­ma­tique, si cer­tains veulent la repous­ser ou y ouvrir des pas­sages, c’est là que les choses devraient se pas­ser.

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« Dire et vou­loir dire dans la logique médié­vale : Quelques jalons pour situer une fron­tière »
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Methodos n° 14
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