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Burton, Anatomie de la mélancolie

La soli­tude volon­taire est sou­vent com­pagne de Mélancolie : telle une sirène, un aiguillon ou un sphinx, elle vous entraîne dou­ce­ment vers ce gouffre sans retour. Le Pois la désigne comme une cause pre­mière. Au com­men­ce­ment, il est fort agréable aux tem­pé­ra­ments mélan­co­liques de res­ter au lit des jours entiers et de gar­der la chambre, de se pro­me­ner soli­taires dans un bos­quet désert entre un bois et une pièce d’eau ou au bord d’un ruis­seau, ou encore de médi­ter sur le sujet char­mant et plai­sant qui sau­ra le mieux les tou­cher ; ama­bi­lis insa­nia –[aimable folie et men­tis gra­tis­si­mus error –[erreur des plus délec­tables dit Horace : quel délice incom­pa­rable que de mélan­co­li­ser, de construire des châ­teaux en Espagne, de se sou­rire à soi-même en jouant une infi­ni­té de rôles que l’on croit fer­me­ment incar­ner ou que l’on voit jouer et inter­pré­ter !

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trad.  Gisèle Venet
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p. 166–167