Interroge-toi bien, lorsque dégoûté des artifices et des abus de la société tu te sens, dans ta solitude, attiré par la nature inanimée : est-ce que ce sont leurs brigandages, leur importunité, leur désagrément, ou bien est-ce leur anarchie morale, leur arbitraire, leurs désordres qui te répugnent en eux ? Dans les premiers, ton courage doit se plonger avec joie et ta récompense doit être la liberté même que tu en tires. Certes, tu peux toujours te fixer le bonheur naturel comme horizon lointain, mais vise seulement le bonheur dont tu es digne. […] Veille à agir proprement dans cette flétrissure, librement…
Je dois rappeler une fois encore que la satire, l’élégie et l’idylle, que je considère ici comme les trois seules catégories possibles de poésie sentimentale, n’ont rien de commun avec les trois formes particulières de poésie que l’on connaît ordinairement sous ce nom, mais ne désigne qu’une manière de sentir, propre à celles-là et à celles-ci. Quant à montrer que, hors du champ de la poésie naïve, il ne peut y avoir que ces trois manières de sentir et ces trois sortes de poésie, que donc cette division couvre tout le champ de la poésie sentimentale, c’est ce qui peut…
La nature a accordé au poète naïf la faveur d’agir toujours comme une unité indivisible, d’être à tout instant un tout indépendant et parfait et de représenter au sein du monde réel l’humanité dans sa plus haute valeur. De l’autre côté, elle a donné au poète sentimental la force, ou plus exactement elle a imprimé en lui l’instinct vivace de reconstituer par lui-même m’unité qui lui a été ôtée par l’abstraction, de compléter en lui l’humanité, et de s’élever d’un état limité à un état illimité. Dem naiven Dichter hat die Natur die Gunst erzeigt, immer als eine ungeteilte Einheit…
En toute rigueur, le but du poète ne saurait être d’adopter un ton vengeur ni un ton plaisant. Le premier est trop sérieux pour ce jeu que doit toujours être la poésie ; le second est trop frivole pour le sérieux qui doit fonder tout jeu poétique. Streng genommen verträgt zwar der Zweck des Dichters weder den Ton der Strafe noch den der Belustigung. Jener ist zu ernst für das Spiel, was die Poesie immer sein soll ; dieser ist zu frivol für den Ernst, der allem poetischen Spiel zugrunde liegen soll. Friedrich Schiller Les poètes sentimentaux De la poésie naïve et…