26 01 24

Nelson, The Argonauts

Un jour ou deux après ma décla­ra­tion d’amour, tran­sie tel­le­ment j’étais vul­né­rable, je t’ai envoyé le pas­sage de Roland Barthes par Roland Barthes où il décrit com­ment celui qui pro­nonce la for­mule « je t’aime » est comme « l’Argonaute renou­ve­lant son vais­seau pen­dant son voyage sans en chan­ger le nom ». Tout comme les pièces de l’Argo peuvent être rem­pla­cées à tra­vers le temps, alors que le bateau s’appelle tou­jours Argo, chaque fois que l’amoureux pro­nonce la for­mule « je t’aime », sa signi­fi­ca­tion doit être renou­ve­lée, comme « le tra­vail même de l’amour et du lan­gage est de don­ner à une même phrase des inflexions tou­jours nou­velles ».

Je trou­vais ce pas­sage roman­tique. Tu l’as inter­pré­té comme un poten­tiel désa­veu. Rétrospectivement, je crois que c’était les deux.

A day or two after my love pro­noun­ce­ment, now feral with vul­ne­ra­bi­li­ty, I sent you the pas­sage from Roland Barthes by Roland Barthes in which Barthes des­cribes how the sub­ject who utters the phrase “I love you” is like “the Argonaut rene­wing his ship during its voyage without chan­ging its name.” Just as the Argo’s parts may be repla­ced over time but the boat is still cal­led the Argo, whe­ne­ver the lover utters the phrase “I love you,” its mea­ning must be rene­wed by each use, as “the very task of love and of lan­guage is to give to one and the same phrase inflec­tions which will be fore­ver new.”

I thought the pas­sage was roman­tic. You read it as a pos­sible retrac­tion. In retros­pect, I guess it was both.

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trad.  Jean-Michel Théroux
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p. 10