01 09 24

Musil, L’homme sans qualités

Il nous faut main­te­nant ajou­ter quelques mots à pro­pos d’un sou­rire, et qui plus est, d’un sou­rire d’hommes, accom­pa­gné de la barbe indis­pen­sable à cette acti­vi­té d’homme qu’on appelle sou­rire-dans-sa-barbe : il s’agit du sou­rire des savants qui avaient don­né suite à l’invitation de Diotime et écou­taient par­ler les illustres beaux esprits. Quoiqu’ils sou­rissent, gar­dons-nous bien de croire que ce fût avec iro­nie. Tout au contraire, c’était leur façon d’exprimer la véné­ra­tion et l’incompétence dont on a déjà par­lé. Mais gar­dons-nous aus­si d’en être dupes. Dans leur conscience, c’était sans doute vrai, mais dans leur sub­cons­cient, pour user d’un terme deve­nu cou­rant, ou, pour mieux dire, dans leur état géné­ral, c’étaient des hommes chez qui gron­dait, comme le feu sous le chau­dron, une cer­taine ten­dance au Mal.

Bien enten­du, cette remarque semble para­doxale, et un pro­fes­seur d’Université en pré­sence duquel on la ris­que­rait répli­que­rait pro­ba­ble­ment qu’il se contente de ser­vir la Vérité et le Progrès, et ne veut rien savoir d’autre : c’est là l’idéologie de sa pro­fes­sion. Toutes les idéo­lo­gies de pro­fes­sion sont évi­dem­ment nobles ; les chas­seurs, par exemple, bien loin de s’intituler « bou­chers des forêts », se pro­clament très haut « Amis offi­ciels des ani­maux et de la nature », de même que les com­mer­çants défendent le prin­cipe du pro­fit hono­rable et que les voleurs, à leur tour, adoptent le dieu des com­mer­çants, à savoir le dis­tin­gué pro­mo­teur de la concorde uni­ver­selle, l’international Mercure. Il ne faut donc pas faire trop de cas de la forme que prend une acti­vi­té quel­conque dans la conscience de ceux qui l’exercent.

Si l’on se demande sans aucun par­ti pris com­ment la science a pu abou­tir à sa forme actuelle (chose impor­tante à tous points de vue, puisqu’elle nous domine et que l’analphabète lui-même n’en est pas pré­ser­vé, qui apprend à vivre dans la com­pa­gnie d’innombrables objets pro­duits scien­ti­fi­que­ment), on obtient déjà une image fort dif­fé­rente. Selon des tra­di­tions dignes de foi, ce serait au cours du XVIe siècle, période d’intense ani­ma­tion spi­ri­tuelle, que l’homme, renon­çant à vio­ler les secrets de la nature comme il l’avait ten­té jusqu’alors pen­dant vingt siècles de spé­cu­la­tion reli­gieuse et phi­lo­so­phique, se conten­ta, d’une façon que l’on ne peut qua­li­fier que de « super­fi­cielle », d’en explo­rer la sur­face. Le grand Galilée, par exemple, qui est tou­jours le pre­mier cité à ce pro­pos, renon­çant à savoir pour quelle rai­son intrin­sèque la Nature avait hor­reur du vide au point qu’elle obli­geait un corps en mou­ve­ment de chute à tra­ver­ser et rem­plir espace après espace jusqu’à ce qu’il attei­gnît enfin le sol, se conten­ta d’une consta­ta­tion beau­coup plus banale : il éta­blit sim­ple­ment à quelle vitesse ce corps tombe, quelle tra­jec­toire il rem­plit, quel temps il emploie pour la rem­plir et quelle accé­lé­ra­tion il subit. L’Église catho­lique a com­mis une grave faute en for­çant cet homme à se rétrac­ter sous peine de mort au lieu de le sup­pri­mer sans plus de céré­mo­nies : c’est parce que lui et ses frères spi­ri­tuels ont consi­dé­ré les choses sous cet angle que sont nés plus tard (et bien peu de temps après si l’on adopte les mesures de l’histoire) les indi­ca­teurs de che­min de fer, les machines, la psy­cho­lo­gie phy­sio­lo­gique et la cor­rup­tion morale de notre temps, toutes choses à quoi elle ne peut plus tenir tête. Sans doute est-ce par excès d’intelligence qu’elle a com­mis cette faute, car Galilée n’était pas seule­ment l’homme qui avait décou­vert la loi de la chute des corps et le mou­ve­ment de la terre, mais un inven­teur à qui le Grand capi­tal, comme on dirait aujourd’hui, s’intéressait ; de plus, il n’était pas le seul à son époque qu’eût enva­hi l’esprit nou­veau. Au contraire, les chro­niques nous apprennent que la sobrié­té d’esprit dont il était ani­mé se pro­pa­geait avec la vio­lence d’une épi­dé­mie ; si cho­quant qu’il soit aujourd’hui de dire de quelqu’un qu’il est ani­mé de sobrié­té, quand nous pen­se­rions plu­tôt en être satu­rés, le pas que l’homme fit à cette époque hors du som­meil méta­phy­sique vers la froide obser­va­tion des faits dut entraî­ner, si l’on en croit quan­ti­té de témoi­gnages, une véri­table ardeur, une véri­table ivresse de sobrié­té. Si l’on se demande com­ment l’humanité a pu pen­ser à se trans­for­mer ain­si, il faut répondre qu’elle a agi comme tous les enfants rai­son­nables quand ils ont essayé trop tôt de mar­cher ; elle s’est assise par terre, elle a tou­ché la terre avec une par­tie du corps peu noble sans doute, mais sur laquelle on peut se repo­ser. L’étrange est que la terre se soit mon­trée si sen­sible à ce pro­cé­dé et qu’elle se soit lais­sé arra­cher, depuis cette prise de contact, une telle foi­son de décou­vertes, de com­mo­di­tés et de connais­sances qu’on en crie­rait presque au miracle.

Cette pré­his­toire ter­mi­née, on serait en droit de pen­ser que nous vivons main­te­nant dans le miracle de l’Antéchrist ; car l’image du contact à quoi l’on vient de recou­rir ne doit pas être inter­pré­tée seule­ment dans le sens du confort et de la sécu­ri­té, mais aus­si dans celui de l’inconvenance et du défen­du. En effet, avant que les intel­lec­tuels ne décou­vrissent la volup­té des faits, seuls les guer­riers, les chas­seurs et les com­mer­çants, c’est-à-dire pré­ci­sé­ment les natures rusées et vio­lentes, l’avaient connue. Dans la lutte pour la vie, il n’y a pas de place pour le sen­ti­men­ta­lisme de la pen­sée, il n’y a que le désir de sup­pri­mer l’adversaire de la façon la plus rapide et la plus effec­tive ; tout le monde est posi­ti­viste ; tout de même, dans le com­merce, la ver­tu n’est point de s’en lais­ser conter mais de s’en tenir au solide, le pro­fit repré­sen­tant somme toute une vic­toire psy­cho­lo­gique rem­por­tée sur autrui et condi­tion­née par les cir­cons­tances. Si l’on consi­dère d’autre part quelles ver­tus per­mettent les grandes décou­vertes, on trouve l’absence de tout scru­pule tra­di­tion­nel et de toute inhi­bi­tion, le cou­rage, le plai­sir de détruire autant que celui d’entreprendre, l’exclusion de toute consi­dé­ra­tion morale, le mar­chan­dage patient des moindres béné­fices, l’attente tenace, quand il le faut, sur le che­min qui mène au but, enfin un res­pect du nombre et de la mesure qui est l’expression la plus aiguë de la défiance à l’égard de toute espèce d’imprécision ; en d’autres termes, rien, pré­ci­sé­ment, que les vieux vices des chas­seurs, sol­dats et mar­chands trans­po­sés dans le domaine intel­lec­tuel et méta­mor­pho­sés en ver­tus. Sans doute ces vices sont-ils ain­si affran­chis de la recherche d’un pro­fit per­son­nel et rela­ti­ve­ment bas, mais l’élément de Mal ori­gi­nel, comme on pour­rait le nom­mer, sur­vit à cette trans­for­ma­tion, étant appa­rem­ment indes­truc­tible et éter­nel, tout au moins aus­si éter­nel que les grands idéaux humains, puisqu’il n’est fina­le­ment rien de moins et rien de plus que le plai­sir de tendre un croc-en-jambe aux idéaux pour les voir se cas­ser le nez. Qui ne connaît la maligne ten­ta­tion qui vous vient à l’esprit devant un beau grand vase de cris­tal, à l’idée qu’un seul coup de canne le bri­se­rait en mille mor­ceaux ? Cette ten­ta­tion, exal­tée jusqu’à cet héroïsme amer né du fait que l’homme ne peut être sûr de rien, dans sa vie, sinon de ce qui tient à fer et à clou, est dans la sobrié­té spi­ri­tuelle de la science un sen­ti­ment de base ; si les conve­nances s’opposent à ce qu’on l’identifie avec le Diable, on ne peut nier tout de même qu’elle ne sente un peu le soufre.

On peut rap­pe­ler dès l’abord la sin­gu­lière pré­di­lec­tion de la pen­sée scien­ti­fique pour ces expli­ca­tions méca­niques, sta­tis­tiques et maté­rielles aux­quelles on dirait qu’on a enle­vé le cœur. Ne voir dans la bon­té qu’une forme par­ti­cu­lière de l’égoïsme ; rap­por­ter les mou­ve­ments du cœur à des sécré­tions internes ; consta­ter que l’homme se com­pose de huit ou neuf dixièmes d’eau ; expli­quer la fameuse liber­té morale du carac­tère comme un appen­dice auto­ma­tique du libre-échange ; rame­ner la beau­té à une bonne diges­tion et au bon état des tis­sus adi­peux ; réduire la pro­créa­tion et le sui­cide à des courbes annuelles qui révèlent le carac­tère for­cé de ce que l’on croyait le résul­tat des déci­sions les plus libres ; sen­tir la paren­té de l’extase avec l’aliénation men­tale ; mettre sur le même plan la bouche et l’anus, puisqu’ils sont les extré­mi­tés orale et rec­tale d’une même chose… : de telles idées, qui dévoilent en effet dans une cer­taine mesure les trucs de l’illusionnisme humain, béné­fi­cient tou­jours d’une sorte de pré­ju­gé favo­rable et passent pour par­ti­cu­liè­re­ment scien­ti­fiques. C’est sans doute la véri­té qu’on aime en elles ; mais tout autour de cet amour nu, il y a un goût de la dés­illu­sion, de la contrainte, de l’inexorable, de la froide inti­mi­da­tion et des sèches remon­trances, une maligne par­tia­li­té ou tout au moins l’exhalaison invo­lon­taire de sen­ti­ments ana­logues.

En d’autres termes, la voix de la véri­té est tou­jours accom­pa­gnée de para­sites assez sus­pects, mais ceux qui y sont le plus inté­res­sés n’en veulent rien savoir. Or, la psy­cho­lo­gie moderne connaît un bon nombre de ces « para­sites » refou­lés et nous en offre le remède : les faire sor­tir et les rendre aus­si clairs que pos­sible à la conscience pour annu­ler leur néfaste influence. Qu’adviendrait-il donc si l’on se déci­dait à faire l’expérience et qu’on se sen­tît ten­té de révé­ler publi­que­ment ce goût équi­voque de l’homme pour la véri­té et ses para­sites, misan­thro­pie et sata­nisme, et qu’on allât même jusqu’à l’introduire avec confiance dans la vie ? Eh bien ! il en résul­te­rait à peu près ce défaut d’idéalisme que l’on a déjà décrit sous le nom d’« uto­pie de la vie exacte », mode de pen­sée fon­dé sur la pos­si­bi­li­té de l’essai et de la rétrac­ta­tion, mais sou­mis néan­moins à l’implacable loi mar­tiale qui régit toute conquête intel­lec­tuelle. Cette manière de façon­ner sa vie n’est nul­le­ment faite, il est vrai, pour pré­ser­ver ou apai­ser celui qui l’adopte ; loin de consi­dé­rer ce qui est digne de vie avec un res­pect abso­lu, il n’y ver­rait plus qu’une simple ligne de démar­ca­tion que la lutte pour la véri­té inté­rieure ne cesse de dépla­cer. Il dou­te­rait du carac­tère sacré de chaque ins­tant du monde, non point par scep­ti­cisme, mais dans l’esprit du grim­peur qui sait que le pied le plus sûr est aus­si tou­jours le plus bas pla­cé. Dans le feu de cette Église mili­tante qui hait le dogme pour l’amour de ce qui demeure encore irré­vé­lé et repousse les lois et la tra­di­tion au nom d’un amour exi­geant de sa pro­chaine figure, le Diable retrou­ve­rait le che­min de Dieu, ou, pour par­ler plus sim­ple­ment, la véri­té rede­vien­drait la sœur de la ver­tu et ne serait plus ten­tée de lui jouer ces tours sour­nois qu’une jeune nièce réserve à une tante res­tée vieille fille.

Tout cela, un jeune homme l’enregistre plus ou moins consciem­ment dans les amphi­théâtres du Savoir ; il y découvre aus­si les élé­ments d’une vaste syn­thèse où des mondes aus­si éloi­gnés l’un de l’autre qu’une pierre qui tombe et un astre qui gra­vite se voient comme par jeu rap­pro­chés, où un phé­no­mène qui sem­blait abso­lu­ment un et indi­vi­sible, comme la nais­sance d’un acte simple dans les centres de la conscience, se trouve divi­sé en cou­rants dont les sources pro­fondes sont sépa­rées les unes des autres par des mil­lé­naires. Mais qu’il prenne envie à quelqu’un d’étendre la men­ta­li­té ain­si acquise au-delà des limites de cer­tains pro­blèmes spé­cia­li­sés, on lui fera vite com­prendre que les exi­gences de la vie ne sont pas celles de la pen­sée. Dans la vie, c’est presque tou­jours le contraire de ce dont un esprit culti­vé est fami­lier, qui se pro­duit : les dif­fé­rences et les res­sem­blances natu­relles acquièrent un prix infi­ni ; tout ce qui dure, et de quelque façon que ce soit, est consi­dé­ré jusqu’à un cer­tain point comme natu­rel, de sorte qu’on n’y touche pas volon­tiers ; les trans­for­ma­tions qui se révèlent néces­saires ne se font qu’avec hési­ta­tion et comme en lou­voyant. Si donc quelqu’un s’avisait, pous­sé met­tons par une men­ta­li­té végé­ta­rienne, de vous­soyer une vache (par­fai­te­ment conscient du fait que l’on manque plus faci­le­ment d’égards à un être que l’on tutoie), on le trai­te­rait aus­si­tôt de sot ou même de fou ; non pas à cause de sa men­ta­li­té végé­ta­rienne ou zoo­phile, laquelle est jugée « pro­fon­dé­ment humaine », mais bien parce qu’il l’aurait trans­po­sée direc­te­ment dans le réel. En un mot, il existe entre l’esprit et la vie un com­pro­mis assez com­plexe aux termes duquel l’esprit touche tout au plus 0,5 % de ses créances et y gagne le titre de créan­cier hono­raire.

Si l’esprit, sous la forme puis­sante qu’il a fini par revê­tir, est lui-même, comme on vient de l’admettre, un saint tout à fait viril, avec tous les défauts acces­soires du guer­rier et du chas­seur, il fau­drait conclure des cir­cons­tances évo­quées ci-des­sus que sa secrète ten­dance à la per­ver­sion ne peut s’épanouir nulle part dans sa tota­li­té (assez gran­diose après tout), ni trou­ver aucune occa­sion de se puri­fier au contact du réel ; on ne pour­rait la ren­con­trer que sur des che­mins tout à fait étranges, incon­trô­lés, où elle échappe enfin à sa sté­rile cap­ti­vi­té. Reste à savoir si, jusqu’ici, tout a été jeu illu­soire ou non ; tou­te­fois, on ne peut nier que cette der­nière sup­po­si­tion ne soit confir­mée à sa manière. Il règne aujourd’hui chez beau­coup d’hommes un état d’esprit assez obs­cur : attente du pire, dis­po­si­tion à la révolte, défiance envers tout ce que l’on vénère. Il y a des hommes qui déplorent le manque d’idéalisme de la jeu­nesse, mais qui, dans le moment où il leur faut agir, se com­portent spon­ta­né­ment comme celui qui, par une très saine défiance des idées, en appuie la trop cour­toise puis­sance par l’action d’une quel­conque matraque. Autrement dit, est-il un seul but pie qui ne doive se pour­voir d’un rien de cor­rup­tion et comp­ter un peu avec les qua­li­tés humaines infé­rieures, s’il veut pas­ser dans ce monde pour sérieux et sin­cère ? Des expres­sions comme : « tenir », « for­cer », « ser­rer la vis », « ne pas avoir peur de cas­ser les vitres », « la manière forte », ont un agréable par­fum de sérieux. L’idée que le plus grand esprit, four­ré dans une cour de caserne, y apprend en huit jours à sau­ter au seul com­man­de­ment d’un sous-off, celle qu’un lieu­te­nant et huit hommes suf­fisent pour mettre en état d’arrestation tous les par­le­ments du monde, n’ont, il est vrai, trou­vé leur expres­sion clas­sique que plus tard, lorsqu’on a décou­vert qu’on pou­vait, de quelques cuille­rées d’huile de ricin admi­nis­trées à un idéa­liste, ridi­cu­li­ser les convic­tions les mieux ancrées ; mais depuis long­temps déjà, bien qu’on les eût ban­nies avec indi­gna­tion, elles avaient la même ter­rible force ascen­sion­nelle que les plus étranges rêves. Le fait est là aujourd’hui que la deuxième pen­sée, quand ce n’est pas la pre­mière, de tout homme qui se trouve confron­té à quelque phé­no­mène impo­sant, fût-ce sim­ple­ment par sa beau­té, est inévi­ta­ble­ment celle-ci : « Tu ne vas pas me la faire, je fini­rai bien par t’avoir ! » Et cette rage de tout abais­ser, carac­té­ris­tique d’une époque qui n’est pas seule­ment per­sé­cu­tée, mais per­sé­cu­trice, ne peut plus être sim­ple­ment confon­due avec la dis­tinc­tion natu­relle que la vie éta­blit entre le sublime et le gros­sier ; c’est bien plu­tôt, dans notre esprit, un trait de maso­chisme, l’inexprimable joie de voir le bien humi­lié et même détruit avec une si mer­veilleuse aisance. On croi­rait à un désir pas­sion­né de se démen­tir, et peut-être n’est-il pas si déso­lant, après tout, de faire confiance à une époque qui est venue au monde par les pieds, et ne demande plus qu’à être remise à l’endroit par son Créateur.

Es müs­sen nun ein paar Worte über ein Lächeln fol­gen, noch dazu ein Männerlächeln, und es war ein Bart dabei, ges­chaf­fen für die männ­liche Tätigkeit des In den Bart Lächelns ; es han­delt sich um das Lächeln der Gelehrten, die der Einladung Diotimas Folge geleis­tet hat­ten und den berühm­ten Schöngeistern zuhör­ten. Obgleich sie lächel­ten, darf man bei­leibe nicht glau­ben, daß sie es iro­nisch taten. Im Gegenteil, es war ihr Ausdruck der Ehrerbietung und Inkompetenz, wovon ja schon die Rede gewe­sen. Aber man darf sich auch dadurch nicht täu­schen las­sen. In ihrem Bewußtsein stimmte das, jedoch in ihrem Unterbewußtsein, um dieses gebräu­chliche Wort zu benüt­zen, oder rich­ti­ger gesagt, in ihrem Gesamtzustand waren es Menschen, in denen ein Hang zum Bösen rumorte wie das Feuer unter einem Kessel.

Das sieht nun natür­lich wie eine para­doxe Bemerkung aus, und ein o. ö. Universitätsprofessor, in des­sen Angesicht man sie auf­stel­len wollte, würde ver­mut­lich ent­ge­gnen, daß er schlicht der Wahrheit und dem Fortschritt diene und sonst von nichts wisse ; denn das ist seine Berufsideologie. Aber alle Berufsideologien sind edel, und die Jäger zum Beispiel sind weit davon ent­fernt, sich die Fleischer des Waldes zu nen­nen, nen­nen sich viel­mehr den weid­ge­rech­ten Freund der Tiere und der Natur, eben­so wie die Kaufleute den Grundsatz des ehr­ba­ren Nutzens hegen und die Diebe den Gott der Kaufleute, näm­lich den vor­neh­men und völ­ker­ver­bin­dend inter­na­tio­na­len Merkur, auch den ihren nen­nen. Auf die Darstellung einer Tätigkeit im Bewußtsein derer, die sie ausü­ben, ist also nicht all­zu­viel zu geben.

Fragt man sich unbe­fan­gen, wie die Wissenschaft ihre heu­tige Gestalt bekom­men hat – was an und für sich wich­tig ist, da sie uns ja beherr­scht und nicht ein­mal ein Analphabet vor ihr sicher ist, denn er lernt es, mit unzäh­li­gen gelehrt gebo­re­nen Dingen zusam­men­zu­le­ben –, so erhält man schon ein anderes Bild. Nach glaubwür­di­gen Überlieferungen hat das im sech­zehn­ten Jahrhundert, einem Zeitalter stärks­ter see­li­scher Bewegtheit, damit begon­nen, daß man nicht län­ger, wie es bis dahin durch zwei Jahrtausende reli­giö­ser und phi­lo­so­phi­scher Spekulation ges­che­hen war, in die Geheimnisse der Natur ein­zu­drin­gen ver­suchte, son­dern sich in einer Weise, die nicht anders als ober­flä­chlich genannt wer­den kann, mit der Erforschung ihrer Oberfläche begnügte. Der große Galileo Galilei, der dabei immer als ers­ter genannt wird, räumte zum Beispiel mit der Frage auf, aus wel­chem in ihrem Wesen lie­gen­den Grund die Natur eine Scheu vor lee­ren Räumen habe, so daß sie einen fal­len­den Körper solange Raum um Raum dur­ch­drin­gen und ausfül­len lasse, bis er end­lich auf fes­tem Boden anlange, und begnügte sich mit einer viel gemei­ne­ren Feststellung : er ergrün­dete ein­fach, wie schnell ein sol­cher Körper fällt, welche Wege er zurü­ck­legt, Zeiten ver­braucht und welche Geschwindigkeitszuwüchse er erfährt. Die katho­lische Kirche hat einen schwe­ren Fehler began­gen, indem sie die­sen Mann mit dem Tode bedrohte und zum Widerruf zwang, statt ihn ohne viel Federlesens umzu­brin­gen ; denn aus sei­ner und sei­ner Geistesverwandten Art, die Dinge anzu­se­hen, sind danach – bin­nen kür­zes­ter Zeit, wenn man his­to­rische Zeitmaße anlegt, – die Eisenbahnfahrpläne, die Arbeitsmaschinen, die phy­sio­lo­gische Psychologie und die mora­lische Verderbnis der Gegenwart ents­tan­den, gegen die sie nicht mehr auf­kom­men kann. Sie hat die­sen Fehler wahr­schein­lich aus zu großer Klugheit began­gen, denn Galilei war ja nicht nur der Entdecker des Fallgesetzes und der Erdbewegung, son­dern auch ein Erfinder, für den sich, wie man heute sagen würde, das Großkapital inter­es­sierte, und außer­dem war er nicht der ein­zige, der damals von dem neuen Geist ergrif­fen wurde ; im Gegenteil, die his­to­ri­schen Berichte zei­gen, daß sich die Nüchternheit, von der er beseelt war, weit und ungestüm wie eine Ansteckung aus­brei­tete, und so anstößig das heute klingt, jemand von Nüchternheit beseelt zu nen­nen, wo wir davon schon zu viel zu haben glau­ben, damals muß das Erwachen aus der Metaphysik zur har­ten Betrachtung der Dinge nach alle­rhand Zeugnissen gera­de­zu ein Rausch und Feuer der Nüchternheit gewe­sen sein ! Aber wenn man sich fragt, was der Menschheit nun eigent­lich ein­ge­fal­len sei, sich so zu verän­dern, so ist die Antwort, sie tat damit nichts anderes, als jedes vernünf­tige Kind tut, wenn es zu früh ver­sucht hat, zu lau­fen ; sie setzte sich auf die Erde und berührte diese mit einem verläß­li­chen und wenig edlen Körperteil, es muß gesagt wer­den : sie tat es mit eben jenem, auf dem man sitzt. Denn das Merkwürdige ist, daß sich die Erde dafür so unge­mein empfän­glich gezeigt hat und seit die­ser Berührung sich Erfindungen, Bequemlichkeiten und Erkenntnisse in einer Fülle ent­lo­cken läßt, die ans Wunder grenzt.

Man könnte nach die­ser Vorgeschichte nicht ganz mit Unrecht mei­nen, es sei das Wunder des Antichrist, in dem wir uns mit­ten darin befin­den ; denn das gebrauchte Berührungsgleichnis ist nicht nur in der Richtung der Verläßlichkeit zu deu­ten, son­dern eben­so­sehr in der Richtung des Anstandslosen und Verpönten. Und wirk­lich haben, ehe geis­tige Menschen ihre Lust an den Tatsachen ent­deck­ten, nur Krieger, Jäger und Kaufleute, gerade also lis­tige und gewalttä­tige Naturen, diese beses­sen. Im Kampf ums Leben gibt es keine den­ke­ri­schen Sentimentalitäten, son­dern nur den Wunsch, den Gegner auf dem kür­zes­ten und tatsä­chlichs­ten Wege umzu­brin­gen, da ist jeder­mann Positivist ; und eben­so wenig wäre es im Geschäft eine Tugend, sich etwas vor­ma­chen zu las­sen, statt aufs Feste zu gehn, wobei der Gewinn letz­ten Endes eine psy­cho­lo­gische und den Umständen ents­prin­gende Überwältigung des ande­ren bedeu­tet. Sieht man ande­rer­seits zu, welche Eigenschaften es sind, die zu Entdeckungen füh­ren, so gewahrt man Freiheit von über­nom­me­ner Rücksicht und Hemmung, Mut, eben­so­viel Unternehmungs- wie Zerstörungslust, Ausschluß mora­li­scher Überlegungen, gedul­diges Feilschen um den kleins­ten Vorteil, zähes Warten auf dem Weg zum Ziel, falls es sein muß, und eine Verehrung für Maß und Zahl, die der schärf­ste Ausdruck des Mißtrauens gegen alles Ungewisse ist ; mit ande­ren Worten, man erblickt nichts anderes als eben die alten Jäger‑, Soldaten- und Händlerlaster, die hier bloß ins Geistige über­tra­gen und in Tugenden umge­deu­tet wor­den sind. Und sie sind damit zwar dem Streben nach persön­li­chem und verhält­nismäßig gemei­nem Vorteil entrückt, aber das Element des Urbösen, wie man es nen­nen könnte, ist ihnen auch bei die­ser Verwandlung nicht ver­lo­ren­ge­gan­gen, denn es ist schein­bar unzerstör­bar und ewig, wenig­stens so ewig wie alles men­schlich Hohe, da es in nichts gerin­ge­rem und ande­rem als der Lust bes­teht, die­ser Höhe ein Bein zu stel­len und sie auf die Nase fal­len zu sehn. Wer kennt nicht die boshafte Verlockung, die bei der Betrachtung eines schön­gla­sier­ten üppi­gen Topfes in dem Gedanken liegt, daß man ihn mit einem Stockhieb in hun­dert Scherben schla­gen könnte ? Zum Heroismus der Bitterkeit ges­tei­gert, daß man sich im Leben auf nichts ver­las­sen könne, als was niet- und nagel­fest sei, ist sie ein in die Nüchternheit der Wissenschaft ein­ges­chlos­senes Grundgefühl, und wenn man es aus Achtbarkeit nicht den Teufel nen­nen will, so ist doch zumin­dest ein leich­ter Geruch von ver­brann­tem Pferdehaar daran.

Man kann gleich mit der eige­nar­ti­gen Vorliebe begin­nen, die das wis­sen­schaft­liche Denken für mecha­nische, sta­tis­tische, mate­rielle Erklärungen hat, denen gleich­sam das Herz aus­ges­to­chen ist. Die Güte nur für eine beson­dere Form des Egoismus anzu­se­hen ; Gemütsbewegungen in Zusammenhang mit inne­ren Ausscheidungen zu brin­gen ; fest­zus­tel­len, daß der Mensch zu acht oder neun Zehnteln aus Wasser bes­teht ; die berühmte sit­tliche Freiheit des Charakters als ein auto­ma­tisch ents­tan­denes Gedankenanhängsel des Freihandels zu erklä­ren ; Schönheit auf gute Verdauung und ordent­liche Fettgewebe zurü­ck­zufüh­ren ; Zeugung und Selbstmord auf Jahreskurven zu brin­gen, die das, was freieste Entscheidung zu sein scheint, als zwang­smäßig zei­gen ; Rausch und Geisteskrankheit als ver­wandt zu emp­fin­den ; After und Mund als das rek­tale und orale Ende der­sel­ben Sache einan­der glei­ch­zus­tel­len –: derar­tige Vorstellungen, die im Zauberkunststück der men­schli­chen Illusionen gewis­ser­maßen den Trick bloß­le­gen, fin­den immer eine Art güns­ti­ger Vormeinung, um für beson­ders wis­sen­schaft­lich zu gel­ten. Es ist aller­dings die Wahrheit, was man da liebt ; aber rings um diese blanke Liebe liegt eine Vorliebe für Desillusion, Zwang, Unerbittlichkeit, kalte Abschreckung und tro­ckene Zurechtweisung, eine hämische Vorliebe oder wenig­stens eine unfrei­willige Gefühlsausstrahlung von sol­cher Art.

Mit einem ande­ren Wort, die Stimme der Wahrheit hat ein verdäch­tiges Nebengeräusch, aber die am nächs­ten Beteiligten wol­len nichts davon hören. Nun, die Psychologie kennt heute viele sol­cher unter­drück­ten Nebengeräusche, und sie hat auch den Rat bereit, daß man sie her­vo­rho­len und sich so deut­lich wie möglich machen solle, um ihre schäd­li­chen Wirkungen zu verhin­dern. Wie wäre es also, wenn man die Probe machen wollte und sich ver­sucht fühlte, den zwei­deu­ti­gen Geschmack an der Wahrheit und ihren boshaf­ten Nebenstimmen des Menschengehässigen und Höllenhundsmäßigen offen zur Schau zu tra­gen, ihn gleich­sam ver­trauend ins Leben zu wen­den ? Nun, es käme ungefähr jener Mangel an Idealismus heraus, der unter dem Titel einer Utopie des exak­ten Lebens schon bes­chrie­ben wor­den ist, eine Gesinnung auf Versuch und Widerruf, aber dem eiser­nen Kriegsgesetz der geis­ti­gen Eroberung unters­te­hend. Dieses Verhalten zur Lebensgestaltung ist nun frei­lich kei­nes­wegs pfle­gend und befrie­dend ; es würde das Lebenswürdige kei­nes­wegs nur mit Ehrfurcht anse­hen, son­dern eher wie eine Demarkationslinie, die der Kampf um die innere Wahrheit bestän­dig ver­schiebt. Es würde an der Heiligkeit des Augenblickszustandes der Welt zwei­feln, aber nicht aus Skepsis, son­dern in der Gesinnung des Steigens, wo der Fuß, der fest steht, jeder­zeit auch der tie­fere ist. Und in dem Feuer einer sol­chen Ecclesia mili­tans, welche die Lehre haßt um des noch nicht Geoffenbarten willen und Gesetz und Gültiges bei­seite schiebt im Namen einer ans­pruchs­vol­len Liebe zu ihrer nächs­ten Gestalt, würde der Teufel wie­der zu Gott zurück­fin­den, oder, ein­fa­cher ges­pro­chen, die Wahrheit wäre dort wie­der die Schwester der Tugend und müßte nicht mehr gegen sie die vers­teck­ten Bosheiten verü­ben, welche eine junge Nichte gegen eine alt­jüng­fer­liche Tante ausheckt.

Alles das nimmt nun, mehr oder weni­ger bewußt, ein jun­ger Mensch in den Lehrsälen des Wissens in sich auf, und er lernt dazu die Elemente einer großen kons­truk­ti­ven Gesinnung ken­nen, die das Entfernte wie einen fal­len­den Stein und einen krei­sen­den Stern spie­lend zusam­men­bringt und etwas, das schein­bar eins und untei­lig ist, wie das Entstehen einer ein­fa­chen Handlung aus den Zentren des Bewußtseins, in Ströme zer­legt, deren innere Quellen um Jahrtausende vonei­nan­der ver­schie­den sind. Wollte sich aber jemand ein­fal­len las­sen, von so erwor­be­ner Gesinnung auße­rhalb der Grenzen beson­de­rer Fachaufgaben Gebrauch zu machen, so würde ihm als­bald begrei­flich gemacht wer­den, daß die Bedürfnisse des Lebens andere seien als die des Denkens. Im Leben spielt sich ungefähr von allem, was der aus­ge­bil­dete Geist gewohnt ist, das Gegenteil ab. Die natür­li­chen Unterschiede und Gemeinsamkeiten wer­den hier sehr hoch ges­chätzt ; das Bestehende, mag es sein, wie es will, wird bis zu einem gewis­sen Grad als natür­lich emp­fun­den und nicht gern ange­tas­tet ; die not­wen­dig wer­den­den Veränderungen voll­zie­hen sich nur zögernd und gleich­sam in einem hin und her wal­zen­den Vorgang. Und wenn jemand etwa aus rei­ner vege­ta­ri­scher Gesinnung zu einer Kuh Sie sagen würde (in rich­ti­ger Erwägung des Umstandes, daß man sich gegen ein Wesen, dem man du sagt, viel leich­ter rück­sichts­los benimmt), so würde man ihn einen Gecken, wenn nicht einen Narren schel­ten ; aber nicht wegen sei­ner tier­freund­li­chen oder vege­ta­ri­schen Gesinnung, die man hoch human fin­det, son­dern wegen ihrer unmit­tel­ba­ren Übertragung in die Wirklichkeit. Mit einem Wort, zwi­schen Geist und Leben bes­teht ein ver­wi­ckel­ter Ausgleich, bei dem der Geist höchs­tens ein Halb vom Tausend sei­ner Forderungen aus­be­zahlt erhält und dafür mit dem Titel eines Ehrengläubigers ges­chmückt wird.

Ist aber der Geist, in der mäch­ti­gen Gestalt, die er zuletzt gefun­den hat, wie vorhin ange­nom­men wor­den, selbst ein sehr männ­li­cher Heiliger mit krie­ge­ri­schen und jäge­ri­schen Nebenuntugenden, so wäre aus den ges­chil­der­ten Umständen zu schließen, daß die in ihm ste­ckende Neigung zum Lästerlichen nir­gends in ihrer imme­rhin großar­ti­gen Gänze herauskönne, noch die Gelegenheit finde, sich an der Wirklichkeit zu läu­tern, und darum auf alle­rhand recht son­der­ba­ren, unkon­trol­lier­ten Wegen anzu­tref­fen sein dürfte, auf denen sie der unfrucht­ba­ren Eingeschlossenheit ent­schlüpft. Es mag nun offen blei­ben, ob bis hie­her alles ein Spiel mit Einbildungen gewe­sen sei oder nicht ; so läßt sich doch nicht leu­gnen, daß diese letzte Vermutung ihre eige­nar­tige Bestätigung hat. Es gibt eine namen­lose Lebensstimmung, die nicht gerade wenig Menschen heute im Blut liegt, ein Gewärtigsein des Böseren, eine Tumultbereitschaft, ein Mißtrauen gegen alles, was man verehrt. Es gibt Menschen, die über die Ideallosigkeit der Jugend kla­gen, aber in dem Augenblick, wo sie han­deln müs­sen, sich ganz von selbst nicht anders ent­schei­den wie jemand, der aus gesün­des­tem Mißtrauen gegen die Idee deren sanfte Kraft durch die Wirkung irgen­deines Knüttels verstärkt. Gibt es, anders gesagt, irgen­dei­nen from­men Zweck, der sich nicht mit ein klein wenig Korruption und Berechnung der nie­de­ren men­schli­chen Eigenschaften auss­tat­ten müßte, um in die­ser Welt für ernst und ernst gemeint zu gel­ten ? Worte wie : bin­den, zwin­gen, in die Schraube neh­men, vor zer­bro­che­nen Fensterscheiben nicht zurück­scheuen, starke Methode, haben einen ange­neh­men Klang von Verläßlichkeit. Vorstellungen von der Art, daß der größte Geist, in einen Kasernhof ges­teckt, bin­nen acht Tagen vor der Stimme eines Feldwebels sprin­gen lernt, oder daß ein Leutnant und acht Mann genü­gen, um jedes Rednerparlament der Welt zu verhaf­ten, haben zwar erst spä­ter ihren klas­si­schen Ausdruck in der Entdeckung gefun­den, daß man mit eini­gen Löffeln Rhizinusöl, die man einem Idealisten ein­flößt, die unbeug­sam­sten Überzeugungen lächer­lich machen kann, aber sie hat­ten schon lange, obgleich sie mit Entrüstung ver­femt wur­den, den wil­den Auftrieb unheim­li­cher Träume. Es ist nun ein­mal so, daß zumin­dest der zweite Gedanke eines jeden Menschen, der vor eine überwäl­ti­gende Erscheinung ges­tellt wird, und sei es auch, daß sie ihn durch ihre Schönheit überwäl­tige, heute der ist : du wirst mir nichts vor­ma­chen, ich werde dich schon klein­krie­gen ! Und diese Verkleinerungswut einer nicht nur mit allen Hunden gehetz­ten, son­dern auch het­zen­den Zeit ist wohl kaum noch die dem Leben natür­liche Zweiteilung in Rohes und Hohes, weit eher ein selbst­quä­le­ri­scher Zug des Geistes, eine unauss­pre­chliche Lust an dem Schauspiel, daß sich das Gute ernie­dri­gen und wun­der­bar ein­fach zerstö­ren lasse. Es sieht einem lei­den­schaft­li­chen Sich-selbst-Lügen-stra­fen-Wollen nicht unähn­lich, und viel­leicht ist es gar nicht das Trostloseste, an eine Zeit zu glau­ben, die mit dem Steiß voraus zur Welt gekom­men ist und von des Schöpfers Händen bloß gewen­det zu wer­den braucht.

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t. 1
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chap. 72  : « La science sou­rit dans sa barbe, ou : Première ren­contre cir­cons­tan­ciée avec le Mal »
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trad.  Philippe Jaccottet
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p. 378–385