L’intérêt, pourtant, qu’il y a, non négligeable, tant s’en faut, à passer des nuits très courtes, c’est que, à la condition qu’il ne soit pas prévu de rendez-vous après le déjeuner, l’on a désormais un but dans la vie : la sieste. C’est dans la pensée de la sieste, en outre, qu’au cours d’une matinée certes s’étirant, mais enfin moins que n’eût fait, succédant à la nuit longue, le jour entier, et malgré les effets de la fatigue qu’il se peut bien que l’on ressente, l’on s’adonnera à quelque tâche louable : repeindre une à deux fenêtres, apprendre quelques mots d’une langue étrangère, à travers lesquels voir venir le monde ; dans son carnet, coucher une ou deux notes. L’heure sonnée de la sieste, l’on se verra en droit de retenir un ouvrage, indifféremment de lecture aisée, ou plus difficile : la honte, dans le premier cas, l’effort dans l’autre, seront trop brefs pour qu’il vaille d’en tenir compte. Au sortir de la sieste, l’on n’aura plus devant soi qu’agréables perspectives : verre d’avant dîner, dîner, projection d’un film dans l’ancienne nursery transformée en cinémathèque, and so to bed. L’on y puisera la force, ma foi, de peindre une fenêtre encore, d’apprendre quelques mots de plus, ou de coucher une autre note (au choix). L’on constatera, qui plus est, par le moyen d’un calcul simple, que la nuit courte additionnée de sieste consacre au sommeil moins d’heures et, ce faisant, accorde plus à la vie proprement dite, laquelle est éveil, que n’eût fait la nuit longue.
09 12 24