09 12 24

Mémoire, Noms, prénoms, titres et sobriquets

L’intérêt, pour­tant, qu’il y a, non négli­geable, tant s’en faut, à pas­ser des nuits très courtes, c’est que, à la condi­tion qu’il ne soit pas pré­vu de ren­dez-vous après le déjeu­ner, l’on a désor­mais un but dans la vie : la sieste. C’est dans la pen­sée de la sieste, en outre, qu’au cours d’une mati­née certes s’étirant, mais enfin moins que n’eût fait, suc­cé­dant à la nuit longue, le jour entier, et mal­gré les effets de la fatigue qu’il se peut bien que l’on res­sente, l’on s’adonnera à quelque tâche louable : repeindre une à deux fenêtres, apprendre quelques mots d’une langue étran­gère, à tra­vers les­quels voir venir le monde ; dans son car­net, cou­cher une ou deux notes. L’heure son­née de la sieste, l’on se ver­ra en droit de rete­nir un ouvrage, indif­fé­rem­ment de lec­ture aisée, ou plus dif­fi­cile : la honte, dans le pre­mier cas, l’effort dans l’autre, seront trop brefs pour qu’il vaille d’en tenir compte. Au sor­tir de la sieste, l’on n’aura plus devant soi qu’agréables pers­pec­tives : verre d’avant dîner, dîner, pro­jec­tion d’un film dans l’ancienne nur­se­ry trans­for­mée en ciné­ma­thèque, and so to bed. L’on y pui­se­ra la force, ma foi, de peindre une fenêtre encore, d’apprendre quelques mots de plus, ou de cou­cher une autre note (au choix). L’on consta­te­ra, qui plus est, par le moyen d’un cal­cul simple, que la nuit courte addi­tion­née de sieste consacre au som­meil moins d’heures et, ce fai­sant, accorde plus à la vie pro­pre­ment dite, laquelle est éveil, que n’eût fait la nuit longue.