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Ceux qui vous ren­seignent sont donc ren­sei­gnés et, en ce domaine, la véri­té s’op­pose moins à l’er­reur que le ren­sei­gne­ment ne s’op­pose à l’i­gno­rance. Seulement un enquê­teur pro­fes­sion­nel n’a pas la doci­li­té des autres hommes devant le ren­sei­gne­ment : il recoupe et véri­fie l’in­for­ma­tion. La dis­tri­bu­tion sociale du savoir en est trans­for­mée : désor­mais, les autres hommes devront se réfé­rer de pré­fé­rence à ce pro­fes­sion­nel, sous peine de n’être que des esprits incultes. Et, comme l’en­quê­teur recoupe l’in­for­ma­tion, il impose à la réa­li­té l’o­bli­ga­tion de cohé­rence : le temps mythique ne peut plus res­ter secrè­te­ment hété­ro­gène à notre tem­po­ra­li­té : il n’est plus que du pas­sé.

Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ?
Seuil 1983
cohérence croyance docilité dupeté Grèce Antique hétérogénéité hétéronomie homogène/hétérogène inculture information muthe mythologie obéissance professionnalisation renseignement temporalités vérité Veyne