Les rapports de force, symboliques ou non, ne sont pas des invariants ; ils ont l’arbitraire des formations analogiques, sans doute, mais différentes : leur apparence transhistorique est une illusion analogique.
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Critiquer les mythes n’était pas en démontrer la fausseté, mais plutôt retrouver leur fond de vérité. Car cette vérité a été recouverte de mensonges. […] Mais d’où viennent les mensonges et à quoi servent-ils ? C’est ce que les Grecs ne se sont pas beaucoup demandé, un mensonge n’ayant rien de positif : c’est un non-être, et voilà tout. Ils ne se demandaient guère pourquoi certains avaient menti, mais plutôt pourquoi les autres avaient cru. […] On peut altérer la vérité, mais on ne saurait parler de rien. […] Les Grecs cherchaient une vérité à travers les mensonges ; ils se demandaient à qui est la faute : elle est à la candeur, à la naïveté, à l’euetheia, car tel était le mot consacré. […] La candeur est la vraie responsable des mensonges ; il y aurait moins de fabulateurs, s’il y avait moins de naïfs.
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Pour les modernes, au contraire, le mythe sera plutôt la relation d’un grand événement, d’où son aspect légendaire. Cet événement est moins altéré par des éléments adventices qu’il n’est épiquement grossi.
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À la condamnation rationaliste de l’imaginaire comme faux, réplique l’apologie de l’imaginaire comme conforme à une raison cachée. Car on ne saurait mentir.
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