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Et ce quelque chose de tel que rien de plus grand ne peut être pen­sé est si véri­ta­ble­ment qu’il n’est même pas pos­sible de pen­ser qu’il n’est pas. Car on peut pen­ser que quelque chose est, et ce quelque chose être tel qu’il ne peut être pen­sé n’être pas – et c’est là quelque chose de plus grand que quelque chose que l’on peut pen­ser n’être pas. Donc, si ce qui est tel que rien de plus grand ne peut être pen­sé peut être pen­sé n’être pas, cette chose même qui est telle que rien de plus grand ne peut être pen­sé n’est pas la chose qui est telle que rien de plus grand ne peut être pen­sé. Mais c’est logi­que­ment inac­cep­table. Il est donc bien vrai qu’il y a une chose telle que rien de plus grand ne peut être pen­sé et qu’elle ne peut être pen­sée n’être pas. Et cela, c’est toi Seigneur notre Dieu ! Donc si tu es si véri­ta­ble­ment, Seigneur mon Dieu, que tu ne pour­rais pas même être pen­sé n’être pas. C’est donc toi seul qui, de tout, as l’être au sens le plus vrai et au maxi­mum, car tout ce qui est autre que toi n’est pas si véri­ta­ble­ment et, par consé­quent, a moins d’être. Pourquoi donc l’in­sen­sé a‑t-il dit dans son cœur : « Il n’y a pas de Dieu », quand il est si évident pour un esprit rai­son­nable que, de tout, c’est toi qui as l’être au maxi­mum ? Oui, pour­quoi, sinon parce qu’il est sot et insen­sé ?

« Que Dieu ne peut pas être pen­sé ne pas être »
Proslogion
1077-1078
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