17 01 19

On peut, comme nous l’avons vu, accep­ter sans peine l’équivalence entre le “locu­toire” ou “consta­tif” aus­ti­nien et le “par­ler de” ou “apo­phan­tique” aris­to­té­li­cien. Dans les deux cas, il y va d’un régime nor­mal du dis­cours, celui que la phi­lo­so­phie pense et pra­tique, lié au moins dans l’Antiquité à l’ontologie et à la phé­no­mé­no­lo­gie, que l’on peut dési­gner par réduc­tion comme “illu­sion des­crip­tive” et qu’Austin consi­dère d’emblée comme le seul auquel les phi­lo­sophes ont prê­té atten­tion. Un nor­mal sta­te­ment est un logos apo­phan­ti­kos, un “énon­cé pro­po­si­tion­nel” : “le chat est sur le paillas­son” vaut “la neige est blanche” ou “Socrate est mor­tel”. Tous deux disent quelque chose, legein ti pour Aristote et say some­thing pour Austin, et même disent “quelque chose de quelque chose” (ti kata tinos, S est P). Ils ont dans les deux cas un rap­port au mea­ning, au sêmai­nein, à la signi­fi­ca­tion, c’est-à-dire géné­ra­le­ment au sens et à la réfé­rence, et ils sont sus­cep­tibles de véri­té et de faus­se­té, true/falsealêthes/pseu­dos.

Quand dire, c’est vrai­ment faire
Fayard 2018
p. 99
austin constatif linguistique locutoire