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dans la Grèce archaïque, trois per­son­nages, le devin, l’aède et le roi de jus­tice, ont en com­mun le pri­vi­lège de dis­pen­ser la Vérité du seul fait d’être pour­vus de qua­li­tés qui les dis­tinguent. Le poète, le voyant et le roi par­tagent un même type de parole.

Doté de ce savoir ins­pi­ré, le poète célèbre par sa parole chan­tée les exploits et les actions humaines qui entrent ain­si dans l’éclat et la lumière et qui reçoivent force vitale et plé­ni­tude de l’être. […] De façon homo­logue, la parole du roi, se fon­dant sur des pro­cé­dures orda­liques, pos­sède une ver­tu ora­cu­laire ; elle réa­lise la jus­tice ; elle ins­taure l’ordre du droit sans preuve ni enquête.

Au milieu de cette confi­gu­ra­tion d’ordre mythi­co-reli­gieux, Alètheia énonce une véri­té asser­to­rique ; elle est puis­sance d’efficacité, elle est créa­trice d’être. Le dis­cours vrai, c’est le « dis­cours pro­non­cé par qui de droit et selon le rituel requis », ain­si que le dira Michel Foucault.

Les Maîtres de Vérité dans la Grèce archaïque [1967]
Le livre de poche 2006
p. 8–9