dans la Grèce archaïque, trois personnages, le devin, l’aède et le roi de justice, ont en commun le privilège de dispenser la Vérité du seul fait d’être pourvus de qualités qui les distinguent. Le poète, le voyant et le roi partagent un même type de parole.
Doté de ce savoir inspiré, le poète célèbre par sa parole chantée les exploits et les actions humaines qui entrent ainsi dans l’éclat et la lumière et qui reçoivent force vitale et plénitude de l’être. […] De façon homologue, la parole du roi, se fondant sur des procédures ordaliques, possède une vertu oraculaire ; elle réalise la justice ; elle instaure l’ordre du droit sans preuve ni enquête.
Au milieu de cette configuration d’ordre mythico-religieux, Alètheia énonce une vérité assertorique ; elle est puissance d’efficacité, elle est créatrice d’être. Le discours vrai, c’est le « discours prononcé par qui de droit et selon le rituel requis », ainsi que le dira Michel Foucault.