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Le choix faus­se­ment qua­li­ta­tif du conspi­ra­teur qui en pous­sant ce der­nier à « fuir » la condi­tion com­mune du non-vécu pour se construire une image fan­tas­ma­tique de « héros » d’« avant-gar­diste », de « nou­veau résis­tant » non seule­ment sur­gèle, en se cris­tal­li­sant, la pas­sion latente mais trans­forme reli­gieu­se­ment le sens vivant en un « signi­fié » litur­gique, en sym­bo­lo­gie. La vraie révo­lu­tion sera tou­jours pour après sa mort : salut chré­tien. Et les « masses » et le « peuple », les « majo­ri­tés » rêvées, aux­quelles la per­son­na­li­té du conspi­ra­teur (deve­nue de façon ambi­guë, d’au­tant plus clan­des­tine qu’elle est plus affi­chée) s’a­dresse en tant que mes­sage publi­ci­taire élec­tri­sant, devraient οu se mettre, fas­ci­nées, à suivre ses pas pour ten­ter l’ul­time auto-valo­ri­sa­tion pos­sible en s’é­va­dant à leur tour de la vraie guerre quo­ti­dienne contre l’intériorisation orga­ni­sée du fic­tif, οu, et pour la plus grande part, vivre en songe ses « aven­tures », en réité­rant la condi­tion d’im­puis­sance dont on aurait vou­lu les faire sor­tir, ain­si, à bon compte.

« Chronique d’un bal mas­qué »
Apocalypse et révo­lu­tion [1974 (puis dans Invariance, série III, n°1, 1976)]
trad. Jacques Camatte
La Tempête 2020
p. 217