03 01 18

J’essaie de déve­lop­per à mon usage l’i­dée d’un pro­grès infi­ni de la phi­lo­so­phie, j’es­saie de prou­ver que ce que l’on doit inces­sam­ment exi­ger de tout sys­tème, l’u­nion du sujet et de l’ob­jet en un Moi abso­lu (ou quel que soit le nom qu’on lui donne) est sans doute pos­sible sur le plan esthé­tique, dans l’in­tui­tion intel­lec­tuelle ; mais ne l’est sur le plan théo­rique que par voie d’ap­proxi­ma­tion infi­nie, comme celle du car­ré au cercle, et que pour réa­li­ser un sys­tème de pen­sée, l’im­mor­ta­li­té est tout aus­si néces­saire que pour réa­li­ser un sys­tème d’ac­tion.

Ich suche mir die Idee eines unend­li­chen Progresses der Philosophie zu ent­wi­keln, ich suche zu zei­gen, daß die unna­chläß­liche Forderung, die an jedes System gemacht wer­den muß, die Vereinigung des Subjects und Objects in einem abso­lu­ten – Ich oder wie man es nen­nen will – zwar ästhe­tisch, in der intel­lec­tua­len Anschauung, theo­re­tisch aber nur durch eine unend­liche Annäherung möglich ist.

« Lettre à Schiller (4 sep­tembre 1795) »
Œuvres
trad. Denise Naville
Gallimard 1967
p. 364
coll. « Pléiade » (dir. Ph. Jaccottet)