11 02 19

Libera, La philosophie médiévale

En dehors de la séman­tique des termes, deux déve­lop­pe­ments majeurs de la logique ter­mi­niste sont la théo­rie des consé­quences et les obli­ga­tiones. Formulée dès la fin du XIIe siècle la théo­rie des consé­quences sera per­fec­tion­née tout au long du Moyen Âge tar­dif. Si la consé­quence des ada­mites est la plus célèbre, maintes autres règles sont pro­gres­si­ve­ment déga­gées. Le cadre géné­ral d’é­la­bo­ra­tion est four­ni par la dis­tinc­tion entre consé­quences natu­relles et consé­quences maté­rielles.

Il y a consé­quence natu­relle quand l’an­té­cé­dent inclut le consé­quent, ce qui veut dire que la vali­di­té de la consé­quence est déter­mi­née par un « lieu intrin­sèque » ; il y a consé­quence acci­den­telle, quand l’an­té­cé­dent n’in­clut pas le consé­quent, ce qui veut dire que la consé­quence tient par l’ap­pli­ca­tion d’une « règle extrin­sèque ». C’est le cas d’une infé­rence comme Si homo est asi­nus, tu sedes (« si l’homme est un âne, tu es assis »). Cette consé­quence est bonne ; elle est bonne de par la conse­quen­tia Adamitorum (ex impos­si­bi­li sequi­tur quo­dli­bet, « de l’im­pos­sible suit n’im­porte quoi ») laquelle repose elle-même sur le locus a mino­ri (« topique du moins »), c’est-à-dire sur le fait que l’im­pos­sible paraît moins vrai que n’im­porte quoi d’autre – d’où résulte que si ce qui paraît le moins vrai est posé comme vrai, ce qui paraît plus vrai que le moins vrai est néces­sai­re­ment vrai.

C’est sur des rela­tions topiques (habi­tu­dines locales) de ce genre que reposent les « règles consé­quen­tielles » vedettes de la logique du XIVe siècle : « toute consé­quence est bonne dans laquelle le consé­quent est néces­saire » et « toute consé­quence est bonne dans laquelle l’an­té­cé­dent est impos­sible ». Très éloi­gnée de l’in­tui­tion natu­relle, ces règles ont été vio­lem­ment cri­ti­quées par les huma­nistes. […]

Joint à l’ap­pro­fon­dis­se­ment des notions de logique modale, l’es­sor de la théo­rie des consé­quences a per­mis l’é­clo­sion de nom­breuses logiques non aris­to­té­li­ciennes : logique du chan­ge­ment […], logique déon­tique, logique des normes, théo­rie des impé­ra­tifs contraires au devoir […], logique épis­té­mique […].

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chap. 8  : « Le XIIIe siècle »
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p. 393–395
, coll. « Quadrige manuels », 2e éd.