28 08 17

Libera, Penser au Moyen Âge

Avec son sque­lette tor­tu­ré de ques­tions et d’articles, la somme donne une impres­sion de mor­cel­le­ment infi­ni – sin­gu­lière syn­thèse d’un savoir qui se com­pose en mul­ti­pliant les détails et les appen­dices, telle une mélo­die qui hési­te­rait entre cent thèmes direc­teurs et qui, en les essayant tous suc­ces­si­ve­ment, voire simul­ta­né­ment, fini­rait par empor­ter dans un fra­cas pitoyable le chef, les musi­ciens et tout l’auditorium. Avec ses sur­charges, ses pro­lon­ge­ments arti­fi­ciels, ses tâton­ne­ments et ses ânon­ne­ments qui emplissent le texte com­men­té d’une foule hasar­deuse de rap­pro­che­ments et de com­parses (qui semblent n’avoir là rien d’autre à faire que de com­plé­ter un tableau d’ensemble où se ren­contrent et se che­vauchent les cita­tions pres­ti­gieuses et les auto­ri­tés muettes), avec sa tech­nique d’exégèse qui paraît atteindre sa per­fec­tion lorsqu’elle a rom­pu le fil des pen­sées ori­gi­nales et fait écla­ter le réfé­rent tex­tuel dans le ver­tige ou la fatui­té d’une culture pré­ten­du­ment totale, le com­men­taire d’Aristote est pour nous comme l’expression com­plète et, par là même, déci­si­ve­ment rebu­tante d’une méthode de lec­ture dont l’unique fina­li­té serait d’essayer toutes les manières pos­sibles de contraindre un ori­gi­nale à sin­ger ses copies.