Avec son squelette torturé de questions et d’articles, la somme donne une impression de morcellement infini – singulière synthèse d’un savoir qui se compose en multipliant les détails et les appendices, telle une mélodie qui hésiterait entre cent thèmes directeurs et qui, en les essayant tous successivement, voire simultanément, finirait par emporter dans un fracas pitoyable le chef, les musiciens et tout l’auditorium. Avec ses surcharges, ses prolongements artificiels, ses tâtonnements et ses ânonnements qui emplissent le texte commenté d’une foule hasardeuse de rapprochements et de comparses (qui semblent n’avoir là rien d’autre à faire que de compléter un tableau d’ensemble où se rencontrent et se chevauchent les citations prestigieuses et les autorités muettes), avec sa technique d’exégèse qui paraît atteindre sa perfection lorsqu’elle a rompu le fil des pensées originales et fait éclater le référent textuel dans le vertige ou la fatuité d’une culture prétendument totale, le commentaire d’Aristote est pour nous comme l’expression complète et, par là même, décisivement rebutante d’une méthode de lecture dont l’unique finalité serait d’essayer toutes les manières possibles de contraindre un originale à singer ses copies.
28 08 17