25 03 21

Il s’est révé­lé que par­mi les employés que je paye à la jour­née, cer­tains, peu scru­pu­leux, n’accomplissent pas le tra­vail d’une jour­née méri­tant une jour­née de salaire, et qu’ils ne rem­plissent pas leur devoir, qui est de tra­vailler de toutes leurs forces à la crois­sance légi­time de mes inté­rêts (par quoi ils atteignent les objec­tifs pour les­quels ils sont payés). Certains ont pré­ten­du à une sorte de droit à musar­der, esti­mant que leur cadence et leur habi­le­té les auto­ri­saient à tra­vailler moins d’heures que les autres. D’autres, par­ti­cu­liè­re­ment insen­sés, ont visi­ble­ment cru qu’il suf­fi­sait de faire acte de pré­sence sans s’investir dans le tra­vail ; ils ont fini par s’imaginer être seuls juges de leurs devoirs et, par un recours à une jus­tice fan­tai­siste, se sont figu­rés que leur salaire leur serait dû même s’ils ali­gnaient leurs efforts sur les plus fai­néants. Ils oublient un peu vite la para­bole de l’évangile selon laquelle c’est au maître seul que revient d’évaluer les efforts, que ceux-ci soient four­nis à la onzième ou la sixième heure – et rien ne garan­tit que le pre­mier arri­vé sur son poste de tra­vail reçoive quoi que ce soit. […] D’autres encore ont eu l’impudence de se glo­ri­fier de leur non­cha­lance et de van­ter les mérites de leurs col­lègues plus dili­gents, esti­mant que leur paresse et leur négli­gence – sauf quand ils se savent obser­vés ! – leur don­ne­raient droit aux mêmes salaires que ceux qui besognent conscien­cieu­se­ment. Par ailleurs, il en est qui mani­festent un haut sens de l’honnêteté, et qui se donnent la peine d’être dignes de leur contrat et de la confiance qui leur est faite ; ceux-ci font volon­tiers des heures sup­plé­men­taires, si c’est le prix pour main­te­nir les per­for­mances de l’usine. […] Afin que la paresse et la non­cha­lance des uns soient détec­tées et que l’honnêteté et la dili­gence des autres soient récom­pen­sées, j’ai cru bon de faire comp­ter les heures de tra­vail par un sur­veillant, et d’ordonner […] que soient tra­vaillées de manière effec­tive quatre-vingts heures par semaine, déduc­tion faite du temps pas­ser dans les tavernes, dans les débits de bois­sons, dans les cafés, ain­si que du temps pas­sé à déjeu­ner, à dîner, à jouer, dor­mir, fumer, chan­ter, lire les nou­velles, se dis­pu­ter, se que­rel­ler ou à dis­cu­ter de toute chose sans rap­port avec mon usine, et ne me concer­nant aucu­ne­ment.

Where as it hath been found by sun­dry I have employed by the day have made no conscience in doing a day‘s work for a day‘s wages, nor have not had a due regard in doing their duty of labou­ring to do their utmost in the law­ful pro­pa­ga­ting my inter­est and ans­wer the end of their being paid. Some have pre­ten­ded a sort of right to loy­ter, thin­king by their rea­di­ness and abi­li­ty to do so suf­fi­cient in less time than others. Others have been so foo­lish to think that bare atten­dance without being imployed in busi­ness is suf­fi­cient, and at last thought the­melves single judges what they ought to do, and came to the ima­gi­na­ry jus­tice that they have thought that if they do as much as those that do least intit­leth them to their wages, for­get­ting the parable in the gos­pel that it is enti­re­ly in the master‘s plea­sure to pay him as much that cometh in the ele­venth hour as he that came in the sixth hour, and no inqui­ry to he that came first […] Others so impu­dent as to glo­ry in their vil­la­ny and upbrade others for their dili­gence thin­king that their sloath and negli­gence with a lit­tle eye ser­vice intit­leth them to the same wages as those that discharge a good conscience. On the other hand, some have a due regard to jus­tice and will put forth the­melves to ans­wer their agree­ment and the trust imposd in them and will exceed their hours rather than ser­vice shall suf­fer. I have in most ser­vices man­ner taken into consi­de­ra­tion of per­sons that have the num­ber­less num­ber of per­sons that have been rui­ned by the extra­va­gan­cy and negli­gence of their ser­vants, and my charges in wages being so great and without there be a due care taken that I have ser­vice ans­we­rable to the wages I pay […] To the end that sloath and vil­la­ny in one should be detec­ted and the just and dili­gent rewar­ded, I have thought meet to create an account of time by a Monitor, and […] it is here­by decla­red that the intend and mea­ning of eigh­ty hours must be in neat ser­vice ater all deduc­tions for being at taverns, ale­houses, cof­fee houses, break­fast, din­ner, playing, slee­ping, smoa­king, sin­ging, rea­ding of news his­to­ry, quar­rel­ling, conten­tion, dis­putes or any­thing else forei­gn to my busi­ness that doth not alto­ge­ther belong to me.

Law Book of the Crowley Ironworks
Surtees Society 1957
p. 88–90 § 103 (« Monitor »)
règle­ment inté­rieur de l’u­sine de d’Ambrose Crowley, dépu­té à la Chambre des com­munes (début du 18e siècle) anglais Angleterre emploi employé exploitation industrie loi loisirs ouvriers patron règlement salariat temps libre travail usine