13 07 23

Tout le mal du roman­tisme pro­vient de la confu­sion entre ce qui nous est néces­saire et ce que nous dési­rons. Nous avons tous besoin de choses indis­pen­sables à la vie, à son main­tien et à sa conti­nui­té ; et nous dési­rons tous une vie plus par­faite, un bon­heur total, la réa­li­sa­tion de nos rêves […]

Il est humain de vou­loir ce qui nous est néces­saire, et il est humain aus­si de dési­rer, non ce qui nous est néces­saire, mais ce que nous trou­vons dési­rable. Ce qui est mala­dif, c’est de dési­rer avec la même inten­si­té le néces­saire et le dési­rable, et de souf­frir de notre manque de per­fec­tion comme on souf­fri­rait du manque de pain. Le mal roman­tique, le voi­là : c’est vou­loir la lune tout comme s’il exis­tait un moyen de l’ob­te­nir.

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Le livre de l’intranquillité [Livro do Desassossego com­pos­to por Bernardo Soares, aju­dante de guar­da-livros na cidade de Lisboa, 1982]
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trad.  Françoise Laye
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p. 86