Quand j’étais jeune, ma mère me demandait parfois de changer le poste de télévision pour en trouver un avec un météorologue masculin. D’habitude ils ont des prévisions plus justes, disait-elle.
Les météorologues lisent un texte, que je disais, levant les yeux au ciel.
C’est partout les mêmes prévisions.
Haussement d’épaules : C’est juste une impression.
Hélas, ce n’est pas qu’une impression. Même si les femmes consultent les mêmes satellites ou lisent les mêmes textes : leurs rapports sont suspects ; c’est comme ça. Autrement dit, l’articulation de la réalité de mon sexe est impossible dans le discours et pour une raison de structure, éidétique. Mon sexe est soustrait, en tout cas comme une propriété d’un sujet, au fonctionnement de la prédication qui assure la cohérence discursive. (Luce Irigaray)
La réponse d’Irigaray à cette énigme : détruire, mais […] avec des outils nuptiaux. […] Dit autrement, écrit-elle, il me restait à faire la noce avec les philosophes.
When I was growing up, my mother would sometimes tell me to switch the TV channel to a station with a male weatherman. They usually have the more accurate forecast, she’d say.
The weather people are reading a script, I would say, rolling my eyes. It’s all the same forecast.
It’s just a feeling, she would shrug.
Alas, it isn’t just a feeling. Even if women are consulting the same satellites, or reading from the same script : their reports are suspect ; the jig is up. In other words, the articulation of the reality of my sex is impossible in discourse, and for a structural, eidetic reason. My sex is removed, at least as the property of a subject, from the predicative mechanism that assures discursive coherence. (Luce Irigaray)
Irigaray’s answer to this conundrum?: to destroy … [but] with nuptial tools…. The option left to me, she writes, was to have a fling with the philosophers.