28 01 24

Nelson, The Argonauts

Pour notre der­nière nuit au Sheraton, nous man­geons sur place, au res­to « mexi­cain sans pré­ten­tion » beau­coup trop cher, le Dos Caminos. Tu passes pour un homme ; moi, pour une femme enceinte. Notre ser­veur nous parle joyeu­se­ment de sa famille, exprime son appro­ba­tion vis-à-vis de la nôtre. En sur­face, on aurait pu dire que ton corps deve­nait de plus en plus « mas­cu­lin » ; le mien, de plus en plus « fémi­nin ». Mais nous ne nous sen­tions pas comme ça. À l’intérieur, nous étions deux ani­maux humains en cours de trans­for­ma­tion l’un auprès de l’autre, témoins sans pres­sion du chan­ge­ment de l’autre. En d’autres termes, nous pre­nions de l’âge.

Our last night at the Sheraton, we have din­ner at the astoun­din­gly over­pri­ced “casual Mexican” res­tau­rant on the pre­mises, Dos Caminos. You pass as a guy ; I, as pre­gnant. Our wai­ter cheer­ful­ly tells us about his fami­ly, expresses delight in ours. On the sur­face, it may have see­med as though your body was beco­ming more and more “male,” mine, more and more “female.” But that’s not how it felt on the inside. On the inside, we were two human ani­mals under­going trans­for­ma­tions beside each other, bea­ring each other loose wit­ness. In other words, we were aging.

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trad.  Jean-Michel Théroux
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p. 122–123