28 01 24

Nelson, The Argonauts

Peur de l’affirmation. Suis tou­jours en train d’essayer de sor­tir du lan­gage tota­li­sant, c’est-à-dire, du lan­gage qui pié­tine effron­té­ment la spé­ci­fi­ci­té ; avant de me rendre compte que c’est une autre forme de para­noïa. Pour sor­tir de ce manège, Barthes s’est effor­cé de se rap­pe­ler que « c’est le lan­gage qui est asser­tif, non [moi] ». C’est absurde, dit Barthes, d’essayer de fuir la nature affir­ma­tive du lan­gage en « ajout[ant] à chaque phrase quelque clau­sule d’incertitude, comme si quoi que ce soit venu du lan­gage pou­vait faire trem­bler le lan­gage ».

Mon écri­ture est par­cou­rue de tels tics d’incertitude. Je n’ai pas d’excuse ni de solu­tion, à part de me per­mettre de tels trem­ble­ments, puis d’y retour­ner plus tard et de les ratu­rer. De cette façon, je m’édite jusqu’à affi­cher une audace qui ne m’est ni natu­relle ni étran­gère.

Afraid of asser­tion. Always trying to get out of “tota­li­zing” lan­guage, i.e., lan­guage that rides rough­shod over spe­ci­fi­ci­ty ; rea­li­zing this is ano­ther form of para­noia. Barthes found the exit to this mer­ry-go-round by remin­ding him­self that “it is lan­guage which is asser­tive, not he.” It is absurd, Barthes says, to try to flee from language’s asser­tive nature by “add[ing] to each sen­tence some lit­tle phrase of uncer­tain­ty, as if any­thing that came out of lan­guage could make lan­guage tremble.”

My wri­ting is ridd­led with such tics of uncer­tain­ty. I have no excuse or solu­tion, save to allow myself the trem­blings, then go back in later and slash them out. In this way I edit myself into a bold­ness that is nei­ther native nor forei­gn to me.

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trad.  Jean-Michel Théroux
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