08 04 18

Quintane, Ultra-Proust

L’importance des cor­rec­tions, chez Proust, ne tient pas seule­ment à son per­fec­tion­nisme, ou au fait que, « quelque part », il se sen­tait incor­rect, ou pas assez juste dans sa langue, mais révèle à mon sens un trait de la moder­ni­té dont sa syn­taxe se sai­sit dans cette façon d’ap­pro­cher en spi­rale, pro­gres­si­ve­ment, son objet, en recu­lant et en y reve­nant tour à tour, dans une épa­nor­those éten­due à tout un livre, et qui consiste à reprendre ce qu’on vient de poser pour le refor­mu­ler. Il y a aus­si comme un filet où se nouent, chez ce roi de la pun­chline, toutes les pointes (cf. les scènes de récep­tions et de salons, au début de Sodome et Gomorrhe, par exemple). La maî­trise prous­tienne est indis­so­ciable de la conscience constante que toute maî­trise est impos­sible, en lit­té­ra­ture, parce que ce n’est pas l’af­faire des maîtres, qui ont des choses bien plus impor­tantes à faire dans la vie que d’é­crire.

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« Pain d’é­pice » Ultra-Proust
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