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Saïd, L’Orientalisme

Quand il est deve­nu d’usage cou­rant pour la Grande-Bretagne, au cours du dix-neu­vième siècle, de mettre à la retraite ses admi­nis­tra­teurs en Inde et ailleurs dès l’âge de cin­quante-cinq ans, une étape a été fran­chie dans le raf­fi­ne­ment de l’orientalisme ; il n’a jamais été per­mis à un Oriental de voir vieillir et dégé­né­rer un Occidental, il n’a jamais été néces­saire pour un Occidental de se voir reflé­té dans les yeux de la race sujette autre­ment que comme un jeune repré­sen­tant du Raj, vigou­reux, ration­nel et tou­jours vigi­lant.

When it became com­mon prac­tice during the nine­teenth cen­tu­ry for Britain to retire its admi­nis­tra­tors from India and elsew­here once they had rea­ched the age of fif­ty-five, then a fur­ther refi­ne­ment in Orientalism had been achie­ved ; no Oriental was ever allo­wed to see a Westerner as he aged and dege­ne­ra­ted, just as no Westerner nee­ded ever to see him­self, mir­ro­red in the eyes of the sub­ject race, as any­thing but a vigo­rous, ratio­nal, ever-alert young Raj.

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« Connaître l’oriental » L’Orientalisme [1978]
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chap. 1  : « Le domaine de l’Orientalisme »
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trad.  Catherine Malamoud
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p. 91