Que signifie « différence » quand la préposition « avec » a totalement disparu ? Est-ce que l’on ne nous demande pas, une fois de plus, d’inspecter le musulman oriental comme si son monde — « à la différence » du nôtre — n’avait jamais dépassé le septième siècle ? Quant à l’islam lui-même, bien qu’il en ait une connaissance d’une grande complexité, et d’ailleurs magistrale, pourquoi Gibb doit-il le considérer avec cette hostilité implacable ? Si l’islam est taré dès le départ du fait de ses infirmités permanentes, l’orientaliste s’opposera à toute tentative islamique de réformer l’islam parce que, d’après lui, la réforme est une trahison de l’islam : voilà exactement la thèse de Gibb. Comment un Oriental peut-il se glisser hors de ces chaînes dans le monde moderne, si ce n’est en répétant les paroles du Fou dans le Roi Lear : « They’ll have me whipp’d for speaking true, thou’lt have me whipp’d for lying ; and sometimes I am whipp’d for holding my peace. » (« Elles veulent me faire fouetter si je dis vrai ; toi tu veux me faire fouetter si je mens. Et parfois je suis fouetté parce que je garde le silence. »)
What is the meaning of “difference” when the preposition “from” has dropped from sight altogether ? Are we not once again being asked to inspect the Oriental Muslim as if his world, unlike ours—“differently” from it—had never ventured beyond the seventh century ? As for modern Islam itself, despite the complexities of his otherwise magisterial understanding of it, why must it be regarded with so implacable a hostility as Gibb’s ? If Islam is flawed from the start by virtue of its permanent disabilities, the Orientalist will find himself opposing any Islamic attempts to reform Islam, because, according to his views, reform is a betrayal of Islam : this is exactly Gibb’s argument. How can an Oriental slip out from these manacles into the modern world except by repeating with the Fool in King Lear, “They’ll have me whipp’d for speaking true, thou’lt have me whipp’d for lying ; and sometimes I am whipp’d for holding my peace.”