De nos jours, nous avons pris l’habitude de voir en celui qui a une compétence particulière sur certains domaines de l’Orient, sur certains aspects de sa vie, un spécialiste des « aires culturelles » (area studies); or, jusqu’aux alentours de la Seconde Guerre mondiale, l’orientaliste était considéré comme un généraliste (ayant naturellement de grandes connaissances spécifiques) doué d’un talent très développé pour faire des affirmations totalisantes. Je veux dire par là que, lorsqu’il formulait une idée sans grande complexité, par exemple à propos de grammaire arabe ou de religion de l’Inde, l’orientaliste était compris (et se comprenait) comme affirmant aussi quelque chose sur l’Orient dans son entier, par là même le totalisant. Ainsi, toute étude séparée d’un élément du matériau oriental allait aussi confirmer d’une façon résumée la profonde « orientalité » de ce matériau. Et, puisqu’on croyait généralement que l’Orient présentait une profonde cohésion organique, cela avait un sens parfaitement correct, pour le savant orientaliste, de considérer que le témoignage matériel dont il s’occupait devait l’amener, en fin de compte, à une meilleure compréhension du caractère, de l’esprit, de l’éthos ou de la conception du monde des Orientaux.
Because we have become accustomed to think of a contemporary expert on some branch of the Orient, or some aspect of its life, as a specialist in “area studies,” we have lost a vivid sense of how, until around World War II, the Orientalist was considered to be a generalist (with a great deal of specific knowledge, of course) who had highly developed skills for making summational statements. By summational statements I mean that in formulating a relatively uncomplicated idea, say, about Arabic grammar or Indian religion, the Orientalist would be understood (and would understand himself) as also making a statement about the Orient as a whole, thereby summing it up. Thus every discrete study of one bit of Oriental material would also confirm in a summary way the profound Orientality of the material, And since it was commonly believed that the whole Orient hung together in some profoundly organic way, it made perfectly good hermeneutical sense for the Orientalist scholar to regard the material evidence he dealt with as ultimately leading to a better understanding of such things as the Oriental character, mind, ethos, or world-spirit.