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Foucault, Le courage de la vérité

Troisièmement, le par­rè­siaste, là encore par défi­ni­tion, ne parle pas par énigmes, à la dif­fé­rence du pro­phète. Il dit au contraire les choses le plus clai­re­ment, le plus direc­te­ment pos­sible, sans aucun dégui­se­ment, sans aucun orne­ment rhé­to­rique, de sorte que ses paroles peuvent rece­voir immé­dia­te­ment une valeur pres­crip­tive. Le par­rè­siaste ne laisse rien à inter­pré­ter. Certes, il laisse quelque chose à faire : il laisse à celui auquel il s’a­dresse la rude tâche d’a­voir le cou­rage d’ac­cep­ter cette véri­té, de la recon­naître et d’en faire un prin­cipe de conduite. Il laisse cette tâche morale, mais, à la dif­fé­rence du pro­phète, il ne laisse pas le devoir diffi­cile d’in­ter­pré­ter.