06 09 20

Ashbery, Autoportait dans un miroir convexe

Toutes les choses semblent leur propre signe
Et les noms qui y poussent se rami­fient vers d’autres réfé­rents.

[…] Les noms que nous avons volés ne nous éloignent pas :
Nous avons pris sur eux un petit peu d’a­vance
Le moment, désor­mais, est venu d’at­tendre à nou­veau.
Rien qu’at­tendre, l’at­tente : de quoi se comble l’in­ter­valle ?
C’est un autre genre d’at­tente, attendre que cesse l’at­tente.
Rien ne prend sa juste part du temps.
L’attente est inté­grée aux choses qui naissent à elles-mêmes.
Rien n’est incom­plet en par­tie, mais l’at­tente
Envahit tout comme un cli­mat.
Quelle heure est-il ?
Rien vaut-il la peine ?
Oui, car il faut attendre de voir de quoi il a vrai­ment l’air,
Cet inci­dent qui vient de tour­ner le coin
Et sera dif­fé­rent du reste et à vrai dire
Ne pour­ra pas sur­prendre : trop d’am­pleur.
All things seem men­tion of them­selves
And the names which stem from them branch out to other
refe­rents.
[…] The names we stole don’t remove us :
We have moved on a lit­tle ahead of them
And now it is time to wait again.
Only wai­ting, the wai­ting : what fills up the time bet­ween ?
It is ano­ther kind of wait, wai­ting for the wait to be ended.
Nothing takes up its fair share of time,
The wait is built into the things just coming into their own.
Nothing is par­tial­ly incom­plete, but the wait
Invests eve­ry­thing like a cli­mate.
What time of day is it ?
Does any­thing mat­ter ?
Yes, for you must wait to see what it is real­ly like,
This event roun­ding the cor­ner
Which will be unlike any­thing else and real­ly
Cause no sur­prise : it’s too ample.