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L’histoire a une cri­tique, mais elle n’a pas de méthode, car il n’y a pas de méthode pour com­prendre. Chacun peut donc s’im­pro­vi­ser his­to­rien ou plu­tôt le pour­rait, si, à défaut de méthode, l’his­toire ne sup­po­sait qu’on ait une culture. Cette culture his­to­rique (on pour­rait l’ap­pe­ler aus­si bien socio­lo­gique ou eth­no­gra­phique) n’a ces­sé de se déve­lop­per et est deve­nue consi­dé­rable depuis un siècle ou deux : notre connais­sance de l’homo his­to­ri­cus est plus riche que celle de Thucydide ou de Voltaire. Mais elle est une culture, pas un savoir ; elle consiste à dis­po­ser d’une topique, à pou­voir se poser sur l’homme de plus en plus de ques­tions, mais non à savoir y répondre. Comme l’é­crit Croce, la for­ma­tion de la pen­sée his­to­rique consiste en ceci : l’in­tel­li­gence de l’his­toire s’est enri­chie des Grecs à nous ; ce n’est pas que nous connais­sions les prin­cipes ou les fins des évé­ne­ments humains ; mais nous avons acquis de ces évé­ne­ments une casuis­tique beau­coup plus riche. Tel est le seul pro­grès dont l’his­to­rio­gra­phie soit sus­cep­tible.

Comment on écrit l’his­toire
Seuil 1971
p. 281
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