17 01 16

Moins un homme est pri­son­nier des liens de son des­tin, moins il est déter­mi­né par  le plus proche, qu’il s’a­gisse de cir­cons­tances ou d’hommes, peu importe. Un homme libre sous ce rap­port fait sien tout ce qui lui est proche ; c’est même lui qui le déter­mine. En revanche, la déter­mi­na­tion de sa vie – consi­dé­rée en terme de des­tin –, c’est du loin­tain qu’elle lui vient. Il n’a­git pas « en regar­dant der­rière lui » pour voir ce qui arrive, comme s’il allait être rat­tra­pé, mais « en regar­dant autour de lui » vers le loin­tain auquel il s’a­dapte. C’est pour­quoi le pro­jet d’in­ter­ro­ger les étoiles – même au sens allé­go­rique – a un fon­de­ment plus pro­fond que l’at­ti­tude consis­tant à se deman­der, en rumi­nant, ce qui va arri­ver.

Je weni­ger in den Banden des Schicksals ein Mann befan­gen ist, des­to weni­ger bes­timmt ihn das Nächste, sei es durch Umstände sei es durch Menschen. Vielmehr hat ein der­ges­talt freier Mensch seine Nähe ganz zu eigen ; er ist es, der sie bes­timmt. Die eigne Bestimmtheit seines schick­salsmäßi­gen Lebens dage­gen kommt ihm vom Fernen. Er han­delt nicht mit »Rücksicht« auf das Kommende, als ob es ihn ein­hole ; son­dern mit »Umsicht« nach dem Entfernten, dem er sich fügt. Daher ist das Befragen der Sterne – selbst alle­go­risch vers­tan­den – tie­fer gegrün­det, als das Grübeln ums Folgende.

Rêves
trad. Christophe David
Gallimard 2009
allégorie destin divination liberté perspective proche/lointain prophétie rêve