19 01 16

Prigent, La langue et ses monstres

A l’utopie de la nos­tal­gie il fal­lait un topos, cepen­dant. L’un de ces topos est la mère. La figure de sa mère est pré­sente, constam­ment, dans les textes et dans les pro­pos de Pasolini (qui, jusqu’à sa mort, vivra avec elle). « Ce fut ma mère, déclare-t-il, qui me révé­la com­ment la poé­sie pou­vait être écrire de façon concrète. Ainsi, d’entrée la mère est une sorte d’Ange de l’Annonciation de ce dont le fils, lit­té­ra­le­ment accou­che­ra. Les pre­miers poèmes sont écrits en friou­lan, « à Casarsa dans la ville de (la) mère ». Et peu après, quit­tant le Frioul, c’est avec cette mère que le poète ira, dit-il, « se réfu­gier » dans cette sorte d’Égypte que seront les bor­gates romains. Autrement dit, si les « recherches anti-ita­liennes » à quoi s’essaient le jeune poète se déve­loppent dans le sens d’une quête d’étrangeté (à l’italien « cen­tral »), l’axe que suivent ces recherchent consiste en une remon­tée vers une sorte de « natu­ra­li­té » de la langue : une langue « refuge » une langue de ori­gines, plus « pure », incar­née, radia­le­ment « mater­nelle ».