A l’utopie de la nostalgie il fallait un topos, cependant. L’un de ces topos est la mère. La figure de sa mère est présente, constamment, dans les textes et dans les propos de Pasolini (qui, jusqu’à sa mort, vivra avec elle). « Ce fut ma mère, déclare-t-il, qui me révéla comment la poésie pouvait être écrire de façon concrète. Ainsi, d’entrée la mère est une sorte d’Ange de l’Annonciation de ce dont le fils, littéralement accouchera. Les premiers poèmes sont écrits en frioulan, « à Casarsa dans la ville de (la) mère ». Et peu après, quittant le Frioul, c’est avec cette mère que le poète ira, dit-il, « se réfugier » dans cette sorte d’Égypte que seront les borgates romains. Autrement dit, si les « recherches anti-italiennes » à quoi s’essaient le jeune poète se développent dans le sens d’une quête d’étrangeté (à l’italien « central »), l’axe que suivent ces recherchent consiste en une remontée vers une sorte de « naturalité » de la langue : une langue « refuge » une langue de origines, plus « pure », incarnée, radialement « maternelle ».
19 01 16