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1470. Les phi­lo­sophes, si jamais ils s’intéressent à la poé­sie, ne connaissent en règle géné­rale qu’un poète. Ils ont « leur » poète. Deleuze-Guattari connaissent, appa­rem­ment, Henri Michaux. Heidegger avait pha­go­cy­té Hölderlin. Milner, dans « L’amour de la langue », s’intéresse à Bonnefoy (comme Renaud Camus). Certains Philosophes assignent à cer­tains poètes des rôles : X est ceci, Y cela. Ils font même d’eux (ain­si Badiou de Mallarmé) des phi­lo­sophes à part entière. Ils se com­portent en cela comme le lec­teur un peu pares­seux. Cela ne tire pas à consé­quence. Mais ce qui est tout à fait défen­dable chez un lec­teur est plu­tôt abu­sif chez le phi­lo­sophe. Il s’agit en fait d’une déné­ga­tion radi­cale de la poé­sie. La poé­sie n’a pas qu’un seul repré­sen­tant. Il n’y a pas qu’un seul poète.

Poétique – Remarques
Seuil 2016
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