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L’Orchésograpie de Thoinot Arbeau

Tombé sur L’Orchésograpie de Thoinot Arbeau (1588), un recueil de notations chorégraphiques pour branles, appellation générique qui regroupe des danses populaires héritières de la ronde médiévale. Le texte prend la forme d’une dispute entre l’auteur et un contradicteur imaginaire. Pour le lecteur d’aujourd’hui, c’est un maquis d’orthographes irrégulières et réjouissantes.

À propos du bransle des chevaulx :

A ce propos, jay veu que l’on dançoit en ceste ville un branle, qu’on nommoit le branle des chevaulx, ou l’on faisoit des tappements de pied, comme au branle precedent, & me semble que l’air est tel ou semblable que voyez en la tabulature suyvante, laquelle se dançoit par mesure binaire, comme le branle commun, le jeune homme tenant sa Damoiselle par les deux mains. Le commencement de l’air dudit branle estoit comme voyez icy notté, & se dançoit par quatre doubles a gaulche, & par quatre doubles a droit.

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Double a gaul. Double a droit. Double a gaul. Double a droit. Double a gaul. Double a droit. Double a gaul. Double a droit.

À propos de la volte :

Arbeau
Et aprés avoir tournoyé par tant de cadances qu’il vous plaira, restituerez la damoiselle en sa place, ou elle sentira (quelque bonne contenance qu’elle face) son cerveau esbranlé, plain de vertigues & tornoyements de teste, & vous n’en aurez peult estre pas moins : Je vous laisse à considerer si cest chose bien seante à une jeusne fille de faire de grands pas & ouvertures de jambes : Et si en ceste volte l’honneur & la santé y sont pas  hazardez & interessez. Je vous en ay desja dit mon opinion.

Capriol
Ce vertigues & tornoiements de cerveau me fascheroient.

À propos des mouvements de la gaillarde :

Capriol
Vous ne me dictes point comme pourra estre ceste obliquité, ce que je ne vous demande pas sans cause, car les Geometres tiennent qu’entre les lignes de l’esquierre, il y a infinies lignes obliques.

Arbeau
Ceste obliquité est delaissee à l’arbitraige du danceur, tellement que s’il luy plait, il mettra le pied qui se repose à l’esquierre contre le pied qui soustient le corps, ou en tel lieu qu’il luy plaira, entre deux, approchant le pied joinct, pourveu que ce ne soit ledit pied joinct : Car de passer le traict de l’esquierre, la flexion de la jambe ne le permect naturellement : Voyez cy la figure dudit mouvement des pieds joincts obliques.

Pied joinct oblique gaulche. / Pied joinct oblique droict.

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