Pour satisfaire à l’exigence qui veut que l’esthétique soit réflexion de l’expérience artistique – sans que celle-ci lui retire de son caractère résolument théorique – la meilleure méthode est d’introduire dans les catégories traditionnelles, au moyen de modèles, un mouvement du concept qui les fasse se confronter à l’expérience artistique. Il ne s’agit pas de constituer ici un continuum entre les deux pôles. Le médium de la théorie est abstrait, et elle ne doit pas nous masquer ce fait en ayant recours à des exemples. Mais il peut arriver, comme jadis dans la Phénoménologie de l’Esprit de Hegel, qu’un contact soudain s’établisse entre la concrétion de l’expérience intellectuelle et le médium du concept universel, de telle sorte que le concret ne serve plus d’exemple, mais qu’il soit la chose elle-même que le raisonnement abstrait tente de cerner sans lequel le nom ne saurait cependant être trouvé. Il s’agit, ce faisant, de penser en partant de la production, c’est-à-dire en partant des problèmes et des desiderata objectifs que présentent les produits. Le primat de la sphère de la production dans les oeuvres d’art est celui de leur essence en tant que produits du travail social face à la contingence de leur élaboration subjective. Mais la référence aux catégories traditionnelles est indispensable, car seule la réflexion sur ces catégories permet d’ouvrir la théorie à l’expérience artistique. C’est dans la modification des catégories exprimée et provoquée par cette réflexion que l’expérience historique pénètre dans la théorie. Grâce à la dialectique historique que la pensée libère dans les catégories traditionnelles, celles-ci perdent leur caractère néfaste d’abstraction sans cependant sacrifier à l’universel inhérent à la pensée : l’esthétique vise l’universalité. L’analyse d’oeuvres particulières, si ingénieuse soit-elle, n’est pas encore de l’esthétique ; c’est à la fois une tare et sa supériorité sur ce qu’on appelle science de l’art. Du point de vue de l’expérience artistique actuelle, il est toutefois légitime de recourir au catégories traditionnelles qui ne disparaissent pas dans la production contemporain mais réapparaissent même dans leur négation. L’expérience aboutit à l’esthétique : elle érige en cohérence et conscience ce qui se produit de façon incohérente et confuse dans les oeuvres d’art, et de manière insuffisante dans l’oeuvre isolée. Sous cet aspect, même une esthétique non-idéaliste traite d” »idées ».
Der Forderung, Ästhetik sei Reflexion künstlerischer Erfahrung, ohne daß diese ihren dezidiert theoretischen Charakter aufweichen dürfe, ist methodisch am besten zu genügen, indem modellartig in die traditionellen Kategorien eine Bewegung des Begriffs hineingetragen wird, die sie der künstlerischen Erfahrung konfrontiert. Dabei ist kein Kontinuum zwischen den Polen zu konstruieren. Das Medium der Theorie ist abstrakt und sie darf nicht durch illustrative Beispiele darüber täuschen. Wohl aber mag zu weilen, wie einst in der Hegelschen Phänomenologie, zwischen der Konkretion geistiger Erfahrung und dem Medium des allgemeinen Begriffs jäh der Funke zünden, derart, daß das Konkrete nicht als Beispiel illustriert sondern die Sache selbst ist, welche das abstrakte Raisonnement einkreist, ohne das doch der Name nicht gefunden werden könnte. Dabei ist von der Produktionsseite her zu denken : den objektiven Problemen und Desideraten, welche die Produkte präsentieren. Der Vorrang der Produktionssphäre in den Kunstwerken ist der ihres Wesens als der Produkte gesellschaftlicher Arbeit gegenüber der Kontingenz ihrer subjektiven Hervorbringung. Die Beziehung auf die traditionellen Kategorien aber ist unumgänglich, weil allein die Reflexion jener Kategorien es erlaubt, die künstlerische Erfahrung der Theorie zuzubringen. In der Veränderung der Kategorien, die solche Reflexion ausdrückt und bewirkt, dringt die geschichtliche Erfahrung in die Theorie ein. Durch die historische Dialektik, welche der Gedanke in traditionellen Kategorien freisetzt, verlieren diese ihre schlechte Abstraktheit, ohne doch das Allgemeine zu opfern, das dem Gedanken inhäriert : Ästhetik zielt auf konkrete Allgemeinheit. Die ingeniöseste Analyse einzelner Gebilde ist nicht unmittelbar schon Ästhetik ; das ist ihr Makel sowohl wie ihre Superiorität über das, was sich Kunstwissenschaft nennt. Von der aktuellen künstlerischen Erfahrung her jedoch legitimiert sich der Rekurs auf die traditionellen Kategorien, die in der gegenwärtigen Produktion nicht verschwinden sondern noch in ihrer Negation wiederkehren. Erfahrung terminiert in Ästhetik : sie erhebt zu Konsequenz und Bewußtsein, was in den Kunstwerken vermischt, inkonsequent, im Einzelwerk unzulänglich sich zuträgt. Unter diesem Aspekt handelt auch nichtidealistische Ästhetik von “Ideen”.