26 12 16

Veyne, Les Grecs ont-ils cru à leurs mythes ?

Ce monde supé­rieur [le monde mythique, celui du temps des héros] est-il un modèle ou une leçon de modes­tie ? L’un ou l’autre, selon l’u­sage qu’un ser­mon­neur en ferait, et Pindare, qui n’est pas un ser­mon­neur, en fait, lui un pié­des­tal ; il rehausse la fête et le vain­queur en se rehaus­sant lui-même. C’est pré­ci­sé­ment parce que le monde mythique est défi­ni­ti­ve­ment autre, inac­ces­sible, dif­fé­rent et écla­tant, que le pro­blème de son authen­ti­ci­té reste en sus­pens et que les audi­teurs de Pindare flot­taient entre l’é­mer­veille­ment et la cré­du­li­té. On ne donne pas de fée­rie en exemple : si Persée était don­né comme modèle, à la manière de Bayard, ce monde hété­ro­gène se dénon­ce­rait aus­si­tôt comme pure fic­tion et seuls les Don Quichottes y croi­raient encore.