23 11 18

Quintane, Un œil en moins

Il est pos­sible que l’habileté et la bonne humeur du nou­veau gou­ver­ne­ment quel que soit le nou­veau gou­ver­ne­ment, à condi­tion qu’il soit cau­te­leux et assu­ré, forme enfin un adver­saire com­pact et lisible, parce qu’il vient après les autres qui nous ont fati­gués, parce qu’il parade sans rete­nue mais sans arro­gance spé­ciale, n’ayant jamais à vaincre puisque tou­jours gagnant, et parce que de mémoire, qui n’est pas une mémoire d’homme, il n’a plus sou­ve­nir d’avoir vu ni enten­du pour de vrai ces gens dont il pense que tant qu’ils auront des kebabs ils ne se révol­te­ront pas. De fait, le motif de la faim est depuis si long­temps l’élément déclen­cheur du conte – on raconte encore qu’on a ache­vé 68 en rem­plis­sant les fri­gos vides, dans le Nord –, qu’on ne sait plus qu’on a décol­lé des têtes pour bien moins que ça, et avec le ventre plein.