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Les anti-rép., eux, sont des artistes ; des artistes dra­ma­tiques, par exemple. Ils ne sont pas vêtus en tous-les-jours, ou leur mise est soi­gnée, cal­cu­lée : le noir et sa sym­bo­lique dominent ; c’est aus­si une cou­leur qui affine, min­cit, rend élé­gant. Je suis le téné­breux, le veuf, l’inconsolé. La capuche qui couvre leur tête et dis­si­mule leur visage leur donne du mys­tère. Le prince d’Aquitaine à la tour abo­lie. Les choses qu’ils lancent les changent en dan­seurs. Ma seule étoile est morte. Les gestes qu’ils font appar­tiennent à une cho­ré­gra­phie réper­to­riée, pho­to­gra­phiée, archi­vée, mon­trée dans les musées. Et mon luth constel­lé. Cette danse morte et mille fois répé­tée, ce Lac des Cygnes de la révolte. Porte le soleil noir de la mélan­co­lie. Ils ont quelques minutes pour la rendre vivante, pour qu’on y croie. Que les béné­voles sont lents et lourds, par rap­port à eux, à nos dan­seurs !

Un œil en moins
P.O.L 2018
p. 273
militance répression