« Maintenant, je suis un costaud. Maintenant, quelque épreuve que le sort me réserve, je l’affronterai, je me mesurerai à elle, et j’irai à sa rencontre avec confiance et impétuosité. J’ai l’impression de pouvoir en découdre avec le monde entier, ou avec la moitié du monde au moins. Imagination, illusion, constellation merveilleuse ! Mon humeur est grandiose. J’ai l’envie et la force de vivre, maintenant, vraiment, c’est à éclater de rire. Je m’emballe ! J’aimerais par-dessus tout être un cheval sauvage et filer au galop dans les pays radieux. C’est qu’il est divinement beau, le monde, célestement beau. Quelle jubilation ! Je ne comprends plus les angoisses, plus les craintes. La vie est une rose, et je veux me vanter et croire que je réussirai à la cueillir, cette rose. Dans mon roulement de tonnerre, la terre se jette à mes pieds. Le ciel, çà et là, montre un timide petit coin de bleu. Je veux prendre cela comme un signe propice. Monde : à nous deux. Je sors d’une expérience, et maintenant je voyage, je galope, je roule et me promène vers d’autres expériences, plus lointaines. Vie intense et expérience intense, je vous souhaite la meilleure des bienvenues. Voilà ce qui est beau : supporter, souffrir quelque chose. Pour qui l’endure avec sincérité, avec fermeté, la vie devient un jeu d’enfant. Jetons-nous dans les vagues comme un bon nageur intrépide. Il me semble que je viens de surmonter un certain nombre d’épreuves et qu’à présent, à grandes enjambées, le regard assuré, je peux aller de l’avant. »
10 12 20