29 06 21

[…] Le premier et le principal accident nécessaire à la génération d’une chose grâce au modèle de l’image mentale est le désir de l’homme qui imagine que la chose existe. En effet, le désir joint à l’imagination est semblable à la scammonée mélangée au remède, qui constitue par sa vertu propre l’ensemble du remède laxatif. Ainsi le désir qui prend l’homme de voir se produire un mouvement dans une ou plusieurs choses individuelles, ajouté à l’imagination de ce même mouvement, rend cette imagination capable de mettre en mouvement les choses individuelles situées à l’extérieur, grâce aux rayons qui leur sont transmis et qui ont un effet moteur. Il faut aussi que le désir soit intense pour que, avec les autres choses requises, il ait un effet moteur. Car ce qui est effectué négligemment ne suffit pas pour produire l’effet moteur désiré.
La certitude de l’effet futur est un accident qui, avec les autres accidents précédemment posés, est également nécessaire. En effet, celui qui désespère de l’effet futur verra son souhait déçu, même s’il a savamment exécuté le reste. Car la certitude ou l’espoir fermement établi envers l’événement désiré constitue la force et le soutien du désir, aidant le désir lui-même à la produire l’effet, comme la préparation de la scammonée aide celle-ci dans son action laxative quand elle doit être donnée en remède.
De radiis [9e siècle]
chap. 5 : Ce qui favorise un effet moteur
trad. Didier Ottaviani
Allia 2003
aristotélisme autopersuasion désir effectivité efficacité des paroles falsafa méthode coué philosophie arabe propitiation sonorité