30 06 21

Le désir humain est dans le cœur, qui est le centre d’où pro­viennent toutes les actions volon­taires, et ce centre pos­sède sa propre nature cen­trique, d’une cer­taine manière sem­blable à celle du monde. Car l’homme, indi­vi­dué par sa com­plexion propre, naît conforme au monde, puisque chaque par­tie du monde par­ti­cipe à son indi­vi­dua­tion. De là vient le fait que le centre du monde pro­duit à sa manière une cen­tri­ci­té dans chaque homme indi­vi­duel, et même dans chaque ani­mal. C’est pour­quoi le centre de l’homme le dirige dans ses mou­ve­ments, comme le centre du monde dirige celui-ci à sa manière dans ses mou­ve­ments. Et c’est pour cela que les rayons qui pro­viennent de la pro­prié­té du centre de l’homme, c’est-à-dire de son désir, sont plus aptes à pro­duire un mou­ve­ment dans la manière adap­tée que les rayons qui pro­viennent d’autres par­ties de l’in­di­vi­du humain ou de pro­prié­tés de ces par­ties.
Et il faut savoir que le désir d’un homme est natu­rel­le­ment plus apte à pro­duire des mou­ve­ments exté­rieurs que celui d’un autre, parce que la com­plexion de cha­cun limite la quan­ti­té et la qua­li­té de sa puis­sance, même lorsque les volon­tés et les dési­rs se trou­vant dans les deux sont d’é­gale inten­si­té. C’est aus­si parce que quand les dési­rs sont égaux grâce à la nature de la com­plexion, si le désir de l’un se pro­duit plus inten­sé­ment en acte que celui de l’autre, c’est le plus intense qui pos­sède la capa­ci­té de pro­duire des mou­ve­ments à l’ex­té­rieur.

De radiis
chap. 6 : La puis­sance des mots
trad. Didier Ottaviani
Allia 2003
p. 57–58
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