20 02 22

Les trente ans com­mencent à cou­rir dans les ser­vi­tudes le jour où l’on cesse d’en jouir les diverses espèces de ser­vi­tude sont éta­blies pen­dant trente ans la pos­ses­sion de la ser­vi­tude est le droit abso­lu d’en jouir et d’en dis­po­ser de la manière la plus abso­lue l’o­bli­ga­tion doit être accom­plie exac­te­ment de la manière que le pos­ses­seur a vou­lu et enten­du qu’elle le fût doit accor­der tout ce qui lui est néces­saire pour en user et nul ne peut le contraindre de se déta­cher de sa ser­vi­tude même si elle est non appa­rente même si elle est conti­nue il conti­nue d’en jouir tant qu’il n’y renonce pas il est de bonne foi tant qu’il en ignore les vices nul ne peut lui enle­ver la ser­vi­tude pour vio­lence faite sur l’ob­jet quand depuis que la vio­lence a ces­sé elle a été approu­vée taci­te­ment ou expres­sé­ment ou en lais­sant pas­ser le temps sans rien avoir deman­dé nul ne peut le des­ti­tuer pour une erreur une erreur est cause de nul­li­té que si elle tombe sur la sub­stance même de la matière qui est l’ob­jet de ser­vi­tude sa ser­vi­tude ne sera pas annu­lée même si elle demande de faire une chose impos­sible ou si elle demande de ne pas faire une chose impos­sible jus­qu’à un évé­ne­ment futur incer­tain ou un évé­ne­ment arri­vé mais incon­nu ou un évé­ne­ment qui arri­ve­ra à une date fixe ou à une date incer­taine s’il n’y a pas de date fixe elle n’est pas défaillie la condi­tion peut encore être accom­plie tant qu’il reste une chance que l’é­vé­ne­ment s’ac­com­plisse elle n’est défaillie que s’il est deve­nu cer­tain que l’é­vé­ne­ment n’ar­ri­ve­ra jamais pen­dant trente ans tout ce qui s’u­nit s’in­cor­pore à la chose lui appar­tient en tout quand le fonds à qui elle est due et le fonds qui la doit sont réunis dans la même main devient sa par­tie prin­ci­pale celle à laquelle l’autre par­tie n’a été unie que pour son usage même si la chose unie est de beau­coup plus pré­cieuse que la chose prin­ci­pale même si elle a été employée à son insu il demande que la chose unie soit sépa­rée pour lui être ren­due même s’il en résulte une dégra­da­tion de la chose à laquelle elle a été jointe avant de lui être enle­vée avant de lui être ren­due même si les matières ne peuvent pas être sépa­rées de la chose unie par leur mélange sans pro­vo­quer des dégra­da­tions même si sa matière est de beau­coup plus pré­cieuse que la matière qui a été unie il demande la res­ti­tu­tion de toute la chose for­mée par le mélange il demande la res­ti­tu­tion de sa matière en même nature en même valeur en même quan­ti­té en même bon­té à ceux qui auront employé sa matière à son insu à ceux qui emploient de la matière d’au­trui à leur insu la simple pos­ses­sion le simple usage éta­blit l’o­bli­ga­tion abso­lue de ser­vi­tude sur la chose qu’une per­sonne s’o­blige à don­ner ou qu’une per­sonne s’o­blige à faire ou qu’une per­sonne s’o­blige à ne pas faire la per­sonne s’en­gage à don­ner et à faire est une chose regar­dée comme nor­male équi­va­lente à ce qu’on lui a don­né ou à ce qu’on a fait pour elle même si la chose est incer­taine sans cause l’o­bli­ga­tion abso­lue de don­ner l’emporte sur l’o­bli­ga­tion de déte­nir ou de gar­der est l’ob­jet même de la ser­vi­tude est par­faite par le consen­te­ment tacite d’un pre­mier accord a pour seule condi­tion le hasard du gain ou de la perte de l’é­vé­ne­ment incer­tain qui l’é­teint et qui annule tous les autres contrats aléa­toire éta­blis pen­dant ces trente ans la course à pied la course de cha­riot la course àche­val et les jeux qui tiennent de l’a­dresse et de l’exer­cice du corps.

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« [Les trente ans] » Le Kilo et autres inédits
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p. 442–443