Je n’aperçois dans ce qu’on nomme noblement confession que le très coupable et très coûteux exercice d’une faiblesse et personne ne m’empêchera de tenir pour particulièrement suspecte une amitié où chacun s’applique sans cesse à provoquer chez l’autre de précieuses confidences. Je ne me souviens pas d’avoir assisté au spectacle trop fréquent de deux hommes au teint congestionné qui se penchent l’un vers l’autre avec des airs attentifs, émus et souriants par dessus une table où refroidissent, parmi un lot de bouteilles vides, les reliefs d’un repas substantiel, voyez vous-mêmes comme ils jouent à se sentir compris et, la tête échauffée par la nourriture et le bon vin, avec quelle impudeur pleine d’ingénuité ils se livrent l’un à l’autre et ils s’en donnent à cœur joie et ils ont le cœur illuminé ainsi qu’en témoignent leurs visages radieux comme une aurore ; je ne me souviens pas non plus d’être passé par hasard auprès d’un confessionnal où, dans une obscurité propice, bourdonnaient tour à tour confesseur et pénitent, interminable chuchotement, questions et réponses, sans avoir ressenti comme une sorte de malaise quand ce n’était pas une formidable colère qui, aussi rapide qu’un tourbillon, me montait inexplicablement au cerveau ; j’ai observé qu’en moi la vue d’exercices aussi bas, légitimés pourtant par l’approbation des uns et l’indifférence des autres, ne manquait jamais de susciter un violent dégoût auquel se substituait, si par malheur j’avais été moi-même en cause, le sentiment intolérable de ma propre déchéance.
24 07 23