24 07 23

Je n’aperçois dans ce qu’on nomme noble­ment confes­sion que le très cou­pable et très coû­teux exer­cice d’une fai­blesse et per­sonne ne m’empêchera de tenir pour par­ti­cu­liè­re­ment sus­pecte une ami­tié où cha­cun s’applique sans cesse à pro­vo­quer chez l’autre de pré­cieuses confi­dences. Je ne me sou­viens pas d’avoir assis­té au spec­tacle trop fré­quent de deux hommes au teint conges­tion­né qui se penchent l’un vers l’autre avec des airs atten­tifs, émus et sou­riants par des­sus une table où refroi­dissent, par­mi un lot de bou­teilles vides, les reliefs d’un repas sub­stan­tiel, voyez vous-mêmes comme ils jouent à se sen­tir com­pris et, la tête échauf­fée par la nour­ri­ture et le bon vin, avec quelle impu­deur pleine d’ingénuité ils se livrent l’un à l’autre et ils s’en donnent à cœur joie et ils ont le cœur illu­mi­né ain­si qu’en témoignent leurs visages radieux comme une aurore ; je ne me sou­viens pas non plus d’être pas­sé par hasard auprès d’un confes­sion­nal où, dans une obs­cu­ri­té pro­pice, bour­don­naient tour à tour confes­seur et péni­tent, inter­mi­nable chu­cho­te­ment, ques­tions et réponses, sans avoir res­sen­ti comme une sorte de malaise quand ce n’était pas une for­mi­dable colère qui, aus­si rapide qu’un tour­billon, me mon­tait inex­pli­ca­ble­ment au cer­veau ; j’ai obser­vé qu’en moi la vue d’exercices aus­si bas, légi­ti­més pour­tant par l’approbation des uns et l’indifférence des autres, ne man­quait jamais de sus­ci­ter un violent dégoût auquel se sub­sti­tuait, si par mal­heur j’avais été moi-même en cause, le sen­ti­ment into­lé­rable de ma propre déchéance.