L’idée de châtiment se présenta à son esprit, coutumier à vrai dire de cette chimère et impressionné probablement par la posture du corps et par les doigts crispés comme dans la souffrance. Et sans savoir exactement quelle était sa faute il sentait bien que vivre n’en était pas une peine suffisante ou que cette peine était en elle-même une faute, appelant d’autres peines, et ainsi de suite, comme s’il pouvait y avoir autre chose que de la vie, pour les vivants. Et il se serait sans doute demandé s’il fallait vraiment être coupable pour être puni, sans le souvenir qu’il avait, de plus en plus accablant, d’avoir consenti à vivre dans sa mère, puis à la quitter. Mais là non plus il ne pouvait voir sa vraie faute, mais plutôt encore une peine, qu’il n’avait pas su mener à bien et qui loin de l’avoir lavé de sa faute n’avait fait que l’y enfoncer plus avant. Et à vrai dire peu à peu les idées de faute et de peine s’étaient confondues dans son esprit comme font souvent celles de cause et d’effet chez ceux qui pensent encore. Et c’était souvent en tremblant qu’il souffrait et en se disant, Ça va me coûter cher.
10 09 23