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On raconte que sous le Directoire, cette période encore bali­sée par le calen­drier révo­lu­tion­naire mais qui n’a plus grand-chose de révo­lu­tion­naire et qu’on appelle République à l’époque, Première République, la duchesse de Bourbon, preuve que nous n’avions pas tran­ché d’avec tous les nobles, a trans­for­mé le jar­din de l’Élysée en parc d’attractions. Des bals, des jeux, des diver­tis­se­ments, un pano­ra­ma peut-être, qui est ce vaste pay­sage en demi cercle ou cercle qui vous sur­plombe et entoure de manière à ce que vous soyez en immer­sion, c’est un fait, anthro­po­lo­gique appa­rem­ment, mais sans doute un chat dans un jar­din incon­nu sur­plom­bé par un figuier géant lui-même se croit dans une qua­trième dimen­sion, c’est un fait que nous aimons être ailleurs que là où nous sommes, et si l’on devait pré­sen­ter l’humanité et peut-être même l’ensemble des espèces vivantes sauf le figuier à des extra­ter­restres, on ne dirait pas : ils mangent ceci, ils boivent cela, ils ont des pieds des jambes des bras, ils ont un lan­gage, mais : ils appré­cient d’être ailleurs que là où ils sont.